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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 16:34

Les titres contenant le mot "nuages" sont assez courants chez Naruse. Deux films majeurs au moins, Nuages flottants (1955) et Nuages d'été (1958) le premier film en couleurs et Scope du metteur en scène, sont considérés à juste titre comme des classiques de l'oeuvre. Le mot est évidemment bien choisi, quand on pense à la notion de parcours sans avenir des personnages qui sont représentés dans ces films. Nuages épars ne fait pas exception à la règle: le dernier long métrage de Naruse est une fois de plus un mélodrame d'un grand pessimisme, dont les drames intimes renvoient souvent à une proximité avec les films de Douglas Sirk...

Yumiko (Yoko Tsukasa) et son mari ont tout pour être heureux: elle est enceinte, et lui travaille pour un ministère qui projette de l'envoyer travailler aux Etats-Unis. C'est pratiquement fait... Sauf qu'un soir on apprend le décès de l'époux, renversé par une voiture conduite par un homme ivre. Celui-ci (Yuzo Kayama), poussé par ses patrons à montrer le Tokyo by night à des clients de passage, culpabilise, et tente de prendre contact avec Yumiko. Au gré de leurs deux vies brisées, ils vont se rencontrer: elle pour essayer de tirer un trait sur son passé, lui pour offrir son aide et sa compassion afin de pouvoir continuer à aller de l'avant... Les sentiments, bien sûr, vont se mêler de la partie.

Pour son dernier film, le metteur en scène a du accepter de composer et de concéder, ce qui s'explique aisément: en 1967, le cinéma ne se porte pas très bien au pays du soleil levant, à plus forte raison dans le cadre vieillot des studios, qui ne peuvent concurrencer ni l'attrait des films de la "Nouvelle vague" indépendante, ni la présence de la télévision; le Scope, les couleurs (très douces), mais aussi la présence de vedettes très en vue (non seulement le chanteur Yuzo Kayama, mais aussi la jeune Mie Hama, connue pour sa participation à un James Bond), tout cela prouve de quelle façon Naruse tente de rendre son film attractif au grand public. Au final, il n'en reste pas moins une nouvelle preuve du pessimisme incorrigible du cinéaste, et de son talent pour filmer à la fois les sentiments dans tout ce qu'ils ont d'absolu, et le désespoir de la condition humaine... Surtout, bien sûr, quand on est une femme. Yumiko est un formidable personnage qui rejoint les héroïnes les plus intéressantes, celle de L'histoire d'une femme, de Quand une femme monte l'escalier, de Nuages flottants aussi: des femmes prises entre leur dignité, et leur désir. Eprises de l'une, mais inexorablement poussées vers l'autre... En dépit de ses longueurs, ce beau film est une étape importante dans la carrière du cinéaste.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Mikio Naruse