On a retrouvé ce film de Lois Weber il y a moins de dix ans, et son on passe sur le côté spectaculaire de retrouver aujourd'hui un film en copie nitrate qui est plus que centenaire, on peut aussi se réjouir: c'est le plus ancien des films de Lois Weber dont nous disposions. pour résumer l'importance de Lois Weber, on va se contenter de dire que la dame était à une certaine époque (couvrant à peu près toutes les années 10) la principale réalisatrice-productrice de la Universal, et qu'elle avait une carte blanche enviable. Mais ça va plus loin: elle a été la première personne à faire preuve d'ambition dans la firme. En gros, elle a montré la voie à un studio, montrant l'exemple à, par exemple, Eric Von Stroheim ou Rex Ingram...
On ne verra pas tout ça, bien sûr, dans On the brink: le film est une courte et unique bobine, dans laquelle Lois Weber nous raconte une histoire simple et relativement naturaliste... Dans un village de pêcheurs, une jeune femme (Lois Weber) qui vit avec son frère handicapé mental (Phillips Smalley), rencontre un homme (Charles DeForrest) qui prend la défense de son frère, et elle tombe amoureuse de lui. Mais il est un peu trop prompt à se porter volontaire pour aider les jeunes femmes de la bourgeoisie qui viennent visiter le village pour s'encanailler... Et le drame couve lorsqu'elle se cache dans une chambre froide pour l'épier...
Les principales qualités du film sont la beauté de la photographie, majoritairement en extérieurs, et embellie par les teintes qui ont été conservées depuis cent ans. Et si Phillips Smalley n'y va pas avec le dos de la cuillère, au moins l'idée d'amener dans l'intrigue une personne qu'en d'autre temps, on aurait traité de "fou du village", mais qui va sauver sa soeur (occasionnant un belle scène de suspense assez sadique), débouche-t-elle sur de beaux développements. Quatre ans avant Hypocrites, Weber était déjà une excentrique qui se refusait à se réfugier dans les pires clichés, et trouvait des moyens intéressants de raconter une histoire à sa façon.