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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 16:57

Harry Caul (Gene Hackman)  écoute: c'est son métier; il est agent de surveillance, ou poseur de micros, si vous préférez! Le côté immoral de la chose n'a jamais été sa préoccupation, ou du moins il ne l'a jamais montré. Nous apprenons lors d'une rencontre avec des collègues (une convention de "plombiers", en quelque sorte!) pourtant qu'il aurait été par ses activités, à l'origine d'un meurtre, mais bien sûr, il n'est pas légalement coupable: la culpabilité dans ce métier, c'est l'affaire du client.

Pourtant, Harry, qui souffre de ses propres principes (aucune trace de son passé, aucun lien qui puisse remonter à lui, et une vie affective qui prend l'au de toute part. Pas d'abonnement au téléphone... Il a même dû fuir sa ville, New York, pour se relocaliser à San Francisco), est sur une affaire qui le gêne, sans qu'il puisse réellement savoir pourquoi: un couple manifestement adultère, dont le mari trompé l'a payé pour en savoir plus... Harry et ses collègues font un beau travail, mais Harry entend sur les bandes l'homme et la femme dire clairement qu'ils sont en danger de mort. Doit-il remettre les bandes, et se rendre de nouveau responsable d'un nouveau meurtre, ou doit-il faire quelque chose pour empêcher l'irréparable? 

...Et faire quoi, du reste?

Voilà, c'est la toile de fond d'un des films les plus étonnants, et rigoureux, de son auteur; une oeuvre coincée entre deux géants qu'on ne présente plus (The Godfather et The Godfather Part II), et dont les épices secrètes ne se dégustent pas dans le baroque. The conversation est un film lent, à la chronologie paradoxale, et dans lequel la souffrance du personnage principal se partage presque. Comme tant d'autres personnages de Coppola, Harry Caul qui est entouré de tant de collègues sans le moindre scrupule (à commencer par Stan, l'insouciant incarné par John Cazale) semble en venir à une crise identitaire telle qu'il ne peut plus avancer. 

Maintenant, on peut toujours épiloguer sur le sujet, mais lorsqu'il a appris que les objets utilisés dans son film étaient en réalité les mêmes que ceux utilisés par les plombiers du Watergate, Coppola aurait paraît-il été particulièrement surpris. Je ne sais pas s'il faut le croire, tant la proximité entre la fameuse affaire et le film est claire. Mais le sujet est pourtant tout, sauf politique: ici, il est question de morale. Une morale supérieure, même, qui est celle qui fait vivre un enfer à un arroseur arrosé interprété avec maestria par Gene Hackman. Il est aussi secondé efficacement par un beau casting dans lequel on retrouve Robert Duvall, Frederick Forrest, Terri Garr ou Harrison Ford, des noms bien connus de l'univers du réalisateur, qui tourne ici en famille.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Francis Coppola Noir