Il est sans doute arbitraire (un diktat de George Sadoul, je ne serais pas étonné) que l'histoire du cinéma se soit focalisée, concernant le serial Américain, sur le seul feuilleton The perils of Pauline, qui possède ses mérites propres. Peut-être le fait que Breton ait écrit deux ou trois conneries à son sujet, a-t-il joué aussi... Quoi qu'il en soit, il y en a eu d'autres, qu'on redécouvre parfois, en entier (The woman in grey de James Vincent), ou par fragments (The purple mask de Grace Cunard): The Hazards of Helen produit par Kalem fait hélas partie de ceux-ci. Mais il possède un avantage, toutefois, dans la mesure où les épisodes de cette série étaient d'une part réduits à une bobine, et d'autres part tous indépendants les uns des autre. Pour Helen, pas de fin d'épisode coincée dans les griffes d'un lion prêt à la manger, ou de ligotage impromptu sur les rails d'un train qui s'apprête à l'écraser!
Helen Holmes était le principale auteure de la série, et sa co-réalisatrice. mais surtout, elle jouait Helen, la dynamique et bondissante télégraphiste qui sauvait la compagnie de chemin de fer chaque épisode en empêchant des catastrophes (pendant que ses collègues masculins s'époumonaient à discuter de la marche à suivre!). Les compagnies de chemin de fer ont, comme souvent dans l'histoire de ces temps pionniers du cinéma, joué un rôle prépondérant en prêtant leurs installations et leurs trains, et c'est dans la tradition établie par Victorin Jasset, un serial rempli de rebondissements, dans lequel un petit bout de bonne femme totalement oublié de nos jours saute de wagon en wagon, se jette dans un canal en moto, et ce sans doublure. Autre temps, autres héroïnes...