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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 17:42

Quand il réalise ce film, Peter Bogdanovich est surtout connu comme historien du cinéma et journaliste spécialisé. Autant donc dire qu'il est un parfait inconnu, malgré deux longs métrages... Mais ils étaient bien différents de ce beau film, qui est l'une des premières traces d'une nostalgie qui va doucement mais sûrement s'installer dans le cinéma des années 70: American Graffiti n'est pas loin.

L'action (si l'on peut dire) se déroule à Anarene, au Texas, un trou perdu en plein désert à deux pas des champs de pétrole. Dans les années 50, si on est jeune et qu'on a envie de faire quelque chose de sa vie, on peut toujours rêver: l'armée, les études? ...Ou aller voir des films, tant que le petit cinéma local est encore ouvert. Mais la fermeture, comme la perte des illusions de tous ces gens, n'est pas très loin...

Profitant du relâchement de la censure, Bogdanovich mobilise un certain naturalisme dans son étude, mais sans jamais perdre de vue l'affection qui le guide vers ses personnages, et sans jamais titiller: il est beaucoup question de sexualité chez ces jeunes (et moins jeunes), qu'ils affrontent les premiers pas de leur vie d'adulte (avec ses passages obligés, graduation... ou dépucelage), ou qu'il soient tentés de ralentir l'arrivée du troisième âge! Mais la sexualité y est vécue comme un pas vers la vie (Cybill Sheperd qui interprète une jeune femme de la bourgeoisie qui cherche à avancer dans la vie par une sexualité agressive, selon les conseils de sa maman), ou un test de virilité (les garçons qui décident d'offrir au jeune Billy, un gamin un peu simplet et muet, une rencontre avec une prostituée qui vire au fiasco pathétique), ou tout simplement une tentative de survie (Cloris Leachman est une quadragénaire qui développe une relation avec le jeune Sonny, interprété par Tim Bottoms). Mais à chaque fois, la chair est triste...

Mais dans ce qui reste une peinture d'une Amérique profonde et communautaire (soit un concept très Fordien), la mort n'est jamais très loin. Et je ne parle pas ici de la fin poignante d'un vieux cinéma miteux, qui programme pour sa "dernière séance" le superbe film de Howard Hawks Red River: John Wayne vieillissant, et Monty Clift juvénile, y partent à la conquête des grands espaces avec un troupeau de vaches. De son côté, c'est en Corée que Duane Jackson (Jeff Bridges) se rendra... Pour quel destin?

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Peter Bogdanovich