Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 11:38

Toujours pour la firme Rex, comme tous ses courts métrages d'avant 1915, Lois Weber a réalisé avec ce Fine feathers une histoire qui sous une forme mélodramatique assez classique, cache en fait un film à la richesse thématique impressionnante. Comme souvent, il y est question de la négligence des hommes pour les femmes, mais aussi du don des femmes à la création: l'actrice-réalisatrice y interprète Mira, une jeune femme qui est martyrisée par son père cordonnier. Quand un artiste, Vaughn (Smalley), entre et est témoin d'une scène de violence, il recueille l'infortunée, et lui donne un travail de domestique dans son atelier. 

Très vite, il se rend compte que la jeune femme ferait un tableau merveilleux, et la peint en haillons. Mais elle n'apprécie pas le résultat, et tente de le persuader de la repeindre, cette fois avec une belle robe. Il accepte et les deux tableaux, considérés comme un chef d'oeuvre en deux parties, se vendent. Mais si Vaughn atteint la gloire, l'acheteur est aussi très intéressé par Mira. celle-ci aimerait que Vaughn se déclare, mais il tarde...

Donc, un artiste, un homme (dont l'atelier au passage forme un certain nombre d'élèves, toutes des femmes), ne voit en la femme qu'il devrait aimer, qu'un prétexte à sa propre création. Création d'ailleurs, dont l'impulsion de Mira sera la vraie source: on est ici dans un commentaire ironique, comme souvent chez Weber, sur la place importante de la femme. Et cette fois encore, la négligence masculine est au coeur du film, avec toutes les ramifications possible et imaginables: s'il ne voit en mira qu'un modèle, on peut se demander dans quelle mesure le film offre une métaphore de l'absence de désir; et c'est uniquement quand elle disparaît de son atelier que le peintre se réveille et comprend enfin son amour pour sa muse...

L'humour se manifeste parfois en douce, comme dans une scène située au début du séjour de Mira chez Vaughn: sagement, promue femme de ménage, elle commence par essuyer une toile et efface sans s'en rendre compte les esquisses d'une des élèves de l'atelier...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Lois Weber Muet