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5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 15:03

Tout commence, dans un décor rarement évoqué dans le cinéma Américain, par une arrivée d'une jeune femme, Molly (Lois Weber), chez les ouvriers du pétrole. Sur un champ de derricks, elle vient s'installer et devient l'une des attractions des moments de détente: ne vous méprenez pas, Molly travaille à la cantine, et est très populaire, mais elle sait se faire respecter: tout le monde aime Molly, ses collègues, les hommes qui viennent souffler dans leur travail pénible, et surtout Bull (Phillips Smalley)... Mais le problème de Bull, c'est que quand il aime, il ne souhaite pas se retenir. Et c'est un problème aussi pour lui, car quand il a les mains baladeuses, Molly sait se défendre...

Après l'acide film Hypocrites, réalisé lui aussi en indépendance pour la compagnie d'Hobart Bosworth et distribué par Paramount, Lois Weber se serait-elle lancée dans la comédie? Pas tout à fait, car si le ton de Sunshine Molly est souvent enjoué, elle y maintient un intérêt pour une cause à défendre, et s'attaque au harcèlement sexuel "normalisé", celui qui fait dire à Bull que quand une femme est jolie, pourquoi se priver? Une certaine forme de tentation de la domination masculine par la violence, qui est légèrement atténuée par le fait, après tout, que Molly sait se défendre, comme je le disais plus haut... Mais le film est intéressant pas son rejet de tout manichéisme, car derrière ses mains baladeuses et son désir qui prend toute la place, le film (ou du moins ce qu'il en reste) nous montre Bull comme un brave type...

La direction de Lois Weber est entièrement conditionnée au fait que nous sommes confrontés (dans les trois bobines restantes, du moins, soit les deux premières, et la cinquième et dernière) à peu de décors, et tous situés sur les lieux cités: le champ de pétrole, les baraques, et la cantine. Ces gens qui vivent sur leur lieu de travail, et dont la vie est rythmée par l'extraction de cet or noir, me semblent souvent proches d'un Germinal à l'Américaine. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est une coïncidence. En tout cas, une fois de plus, on va se plaindre: qu'un film soit mutilé par le temps, c'est toujours rageant. Quand en plus il est formidable, c'est à pleurer...

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Published by François Massarelli - dans 1915 Lois Weber **