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7 novembre 2022 1 07 /11 /novembre /2022 15:15

Reprenant les formules qui avaient fait son succès aussi bien pour le Voyage dans la lune (1902) que pour Le voyage à travers l'impossible (1904): une destination improbable, un voyage loufoque, et des péripéties plus délirantes que tout ce qu'on pourrait imaginer... Sauf que cette fois il se laisse aller à réaliser, pour Pathé, un film nettement plus long: deux bobines. C'est ambitieux, et c'est la preuve que Méliès, au moins, est à l'écoute: le format des films, en Europe, s'allonge... L'Italie, le Danemark et la France réalisent des films de long métrage, déjà... Méliès, qui se refuse à quitter le studio, est tributaire de ses habitudes techniques: il a besoin de créer l'illusion dans le plan, et le montage ne lui sert qu'à deux fonctions; premièrement, il crée l'illusion en faisant disparaître, transformer, apparaître et exploser les hommes, les femmes et les objets dans le plan; deuxièmement, une coupe permet de passer à la suite..;

Ce qui explique que dès le départ, le film ne ressemble à rien de contemporain. C'est probablement ce qui l'a coulé, mais Méliès ne peut pas et ne veut pas faire du cinéma comme tout le monde, et désire continuer à faire du cinéma selon ses propres règles. Mais en allongeant, il prenait le risque de faire trop long, et c'est ce qui va être un sérieux problème pour ce film...

Certes, ça commence bien et même très bien avec un contexte qui se complexifie à loisir, avec pour une fois une sous-intrigue (pendant qu'une coalition internationale menée par l'ingénieur Maboul se rend en direction du Pôle Nord dans une machine volante, les Suffragettes désignent l'une des leurs et elle est interprétée par Fernande Albany, préposée à l'humour poids lourd, mais elle disparaîtra dans une scène d'une grande indélicatesse, et ce avant la fin de la première bobine)... Mais si Méliès arrive à garder son style tout en s'ouvrant au monde du cinéma, puisqu'il travaille pour Pathé, il est fatigué, et ses "vues merveilleuses" des cieux, avec ses pin-ups 1910 déguisées en étoiles, font long feu. On remarque ça et là quelques avancées, comme un plan (un seul) tourné "en extérieurs", en fait à l'extérieur du studio de Montreuil.

Il reste le combat contre le "géant des neiges" situé vers la fin: mais si esthétiquement il date le film pour le spectateur d'aujourd'hui, je crains qu'il n'ait aussi sérieusement daté le film à sa sortie, pour le spectateur nourri aux films de Capellani, Feuillade, et qui se pressait aux aventures de Nick Carter de Victorin Jasset... Et comme la plupart des séquences, lui aussi tire sérieusement en longueur.

 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Méliès 1912 *