Ne faisant rien comme tout le monde, Solveig Anspach s'est soudainement intéressée à une histoire qui selon ses propres mots, était particulièrement saugrenue: celle d'une amie actrice, qui vivait à Paris dans un appartement adorable au sixième étage, mais régulièrement pris de tremblements intempestifs, car situé pile au-dessus du métro. Tout l'immeuble en profitait, remarquez, mais c'est ce sacré sixième étage qui raflait la mise...
Histoire de se distinguer donc, la réalisatrice de quelques longs métrages déjà, s'est décidée à en faire un film. Un documentaire, me direz-vous? Non, pas vraiment: la prouesse est remarquable: dans un tournage à la fois structuré ("On va filmer ça") et improvisé ("qu'est-ce que je dis, là?"), Anne Morin et Solveig Anspach ont donc retracé l'histoire burlesque de ces tremblements et de l'impossibilité de s'en débarrasser, quand on est une jeune femme qui aime sa tranquillité. Sont venus se greffer sur le projet des amis, des voisins, des acteurs des non-acteurs, et le résultat est à la fois un documentaire, une fiction et donc un film fortement atypique...
...Qui pose bien sûr le problème (mais pourquoi cela serait-il d'ailleurs un problème?) de la fiction et du réel, et dans cette histoire de sol qui vibre, la réalisatrice effrontée, qui adore faire des courts parce qu'elle peut y faire ce qu'elle veut, casse avec allégresse le quatrième mur, en faisant jouer un rôle à la perche du micro, et en apparaissant à plusieurs reprises sur la bande-son, et même dans une scène finale (dont la voix off d'une protagoniste nous fait croire qu'il s'agit d'une scène volée, mais est-ce la réalité, ou bien une actrice a-t-elle joué les agents de sécurité de la RATP? nous ne le saurons jamais), l'équipe de tournage apparaît en reflet sur une rame de métro...
Je vous le disais: jamais comme tout le monde!