Charles II, un roi de transition (Rufus Sewell), est le fils de Charles Ier, roi d'Angleterre maudit: déposé puis exécuté en place publique, il avait dû laisser la place à une expérience républicaine, dont Oliver Cromwell serait la principale figure. Après neuf ans d'expérimentation, pourtant, le Parlement Britannique s'était dit favorable à un retour de la Monarchie, à charge pour Charles II de composer avec le parlement. C'est le contraire qui s'est passé, et cette suite de quatre heures environ est le portrait foncièrement subjectif (la subjectivité en question étant celle de Charles lui-même) d'un monarque absolu, le dernier en Angleterre, qui avait du batailler à la fois contre les plus fanatiques de ses troupes, et contre un Parlement, souvent enclin à l'utiliser pour des fins indéfendables.
Et tout le folklore y passe: la sempiternelle lutte entre les clans religieux, la capacité du Roi à composer aussi bien avec un peuple très volatile, et un establishment politique plus rigoriste, sans oublier les passions du roi, qui ont la part belle: sans être trop ouvertement explicite, le film nous invite souvent dans l'alcôve... Et si les dialogues et la rapidité d'exécution sont très dans la manière de la BBC (cette manière qu'ont les personnages de parler de politiques étrangère dès le saut du lit, ou aux milieu des ébats, est souvent profondément irritante), Wright montre déjà des velléités de mise en scène qui le placent au-dessus du lot, et arbitrairement choisit de brouiller les pistes, en s'octroyant des passages en caméra au poing, et un plan-séquence bilan de toute beauté...