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3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 16:32

A l'origine, je pense que ce film devait surtout être, dans l'esprit de son créateur principal David O. Selznick, une occasion de faire "un petit western", et en même temps un prétexte pour retravailler avec King Vidor, en souvenir de la petite escapade Polynésienne de Bird of Paradise (1932). Mais Selznick étant Selznick, ça a quelque peu dégénéré: plus de Technicolor, plus de stars, plus de scènes, plus d'érotisme bien lourd, plus de tout... Le résultat n'est pas, à mon sens, un film de Vidor. C'est du reste ce qu'en pensait le réalisateur lui-même. Ce n'est d'ailleurs pas non plus un film qu'il puisse totalement renier, le scénario reprenant un certain nombre de figures qu'on retrouve dans son oeuvre, et qui pour certaines allaient attendre un peu...

Pearl Chavez (Jennifer Jones), la fille d'un gentleman Sudiste déchu (Herbert Marshall), doit faire un voyage lorsque son père, condamné pour le meurtre de son épouse, est exécuté: il lui a conseillé d'aller chercher refuge chez une de ses anciennes amours, Laura Belle McCanles (Lillian Gish), mariée à un très riche et très irascible propriétaire terrien du Texas (Lionel Barrymore). Celui-ci n'accueille pas Pearl, pour moitié Indienne, d'un très bon oeil, mais ses deux fils Jesse (le gentil, interprété par Joseph Cotten) et Lewton (le méchant, incarné avec excès par Gregory Peck), eux, se réjouissent de l'arrivée de la jeune femme...

Ajoutons pour faire bonne mesure Harry Carey en avocat qui est en lutte ouverte avec le vieux McCanles au sujet de l'arrivée du chemin de fer, Walter Huston en prédicateur auto-proclamé, Charles Bickford en prétendant assassiné, et Butterfly McQueen en domestique de Laura Belle, et on pourra au moins reconnaître que la distribution est impressionnante. Seulement voilà, à trop vouloir refaire l'exploit de Gone with the wind, à trop reprendre des mains de ses réalisateurs (Vidor, mais aussi Dieterle, et il se murmure que Sternberg aurait aussi mis la main à la pâte) son jouet pour le remodeler indéfiniment, Selznick a commis erreur sur erreur... Et le film est excessif en tout. Parfois excessivement beau à voir en même temps qu'excessivement vide, avec trop de stars et trop de trop, on s'étouffe.

Tiens, justement: Jennifer Jones, comme d'habitude et plus que d'habitude, en fait trop. Et si Vidor a pu ressortir quelques idées du placard, et s'intéresser aussi à deux jusqu'au-boutistes qui préfigurent un peu les héros de The fountainhead (1949), il se noie sous le cahier des charges et surtout les aspects passionnels du film: chaque personnage porte en lui un rapport à la passion qui est différent: le vieux McCanles en est revenu, la dame Sudiste l'a vécue et souhaiterait y revenir, le fils raisonnable s'en tient précautionneusement à l'écart... Seuls Lewt et Pearl y succombent: lui volontairement, elle à son corps défendant. On ne s'étonnera pas que ça finisse mal; on ne s'étonnera pas non plus d'apprendre que Jennifer Jones et Selznick filaient le parfait amour: on ne voit que ça.

...Et Lillian Gish, bien sûr, pour l'un de ses rôles les plus substantiels d'après sa période muette. Une bonne raison de voir le film, en somme...

 

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Published by François Massarelli - dans Western King Vidor Lillian Gish