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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 09:49

Adaptation de Blanche-Neige assez fidèle à l'intention et aux cruautés du conte, manifeste esthétique et culturel d'un cinéma Espagnol fier, mélange maîtrisé d'influences, et authentique film muet: bon, on va avancer sans trop de problèmes que ce Blanche-Neige Ibère est un objet peu banal...

L'intrigue est située au début du siècle, au Sud de l'Espagne. Le torero Antonio Villalta (Daniel Gimenez Cacho) subit un accident grave, et son épouse Carmen, sous le choc, accouche prématurément d'une petite fille avant de décéder: le père survit grâce aux bons soins d'Encarna (Maribel Verdu), une infirmière un peu trop entreprenante, qui ne tarde pas à devenir la deuxième épouse d'Antonio; et la petite Carmencita est élevée par sa grand-mère, jusqu'au décès de celle-ci: Encarna la prend alors sous son aile... et elle va souffrir car la belle-mère est tout sauf aimante. Devenue adulte, Carmen (Macarena Garcia) apprend la mort de son père, qu'elle a à peine eu le droit de voir en quelques années: Encarna demande donc à son amant de la débarrasser de la jeune femme...

Bien sûr qu'elle va être sauvée par des nains: mais ils sont six... Le film de Berger rejoint Freaks par certains côtés, et a une grande dette envers deux cinématographies muettes: les Américains, et les Français. Un truc de montage cher à Gance, par exemple, a été utilisé de façon intelligente pour souligner les émotions et établir un jeu entre le point de vue des spectateurs et celui des personnages. Le mélodrame, ici, comme chez Borzage par exemple, est à prendre au pied de la lettre: pas d'ironie, on est prié de laisser son cynisme au vestiaire, et trembler pour le torero, pas pour le toro! 

...mais le réalisateur ouvre toutefois les portes, toutes grandes, aux développements possibles: les turpitudes des uns et des autres nains? à vous de jouer! l'identité de ce mystérieux manager qui signe un contrat "pour toute la vie" la petite Carmen, dont le mystérieux sommeil prolonge la vie alors que la pomme empoisonnée aurait du la tuer, la vie dissolue d'Encarna, tout est objet d'allusions, sans pour autant nous donner les solutions...

Et Berger a laissé ses acteurs s'exprimer, une condition indispensable à la réalisation d'un film muet: il s'agit, pour cette exercice de haute voltige, de demander toujours plus à des acteurs qui n'auront pas la possibilité d'utiliser leurs voix. A ce titre, les méchants à moustache, les excès de Maribel Verdu, dont les yeux sont un festival à eux seuls, le désespoir de Daniel Cacho et l'illumination du beau visage de Macarena Garcia sont les points forts. Et tant que j'y suis, la musique d'Alfonso de Villalonga aussi: bref, voici un film dans lequel on peut s'abandonner...

 

 

 

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Published by François Massarelli - dans Muet 2012