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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 11:20

A l'origine de ce film, il y a une pièce de Michael Morton, déjà adaptée trois fois au cinéma: une fois en Pologne, avec Pola Negri, et une version Américaine de 1916 par Edwin August, et une autre en 1918 par William Parke. Et comme si ça ne suffisait pas on peut penser que cette pièce a pu aussi servir de base à certains aspects de The red dance, de Raoul Walsh. Une impression renforcée par le fait que ce film de 1931 en utilise d'ailleurs une séquence...

Le point de départ de cette histoire profondément anti-tsariste, est une anecdote: les Juifs étaient, dans la Russie de 1913, empêchés d'aller ou bon leur semblait, sauf les femmes qui possédaient un "passeport jaune", un laisser passer qui permettaient aux prostituées de voyager librement. Une idée qui est attribuée dans le film au très libertin Colonel Andreyev (Lionel Barrymore). L'intrigue est la suivante: Marya Kalish (Elissa Landi), une jeune enseignante Juive, est obligée de se procurer un passeport jaune afin de rendre visite à son père qui a été mis en prison. Quand elle veut le visiter, il est trop tard: d'une part, il est mort, et d'autre part, elle est désormais fichée comme prostituée... 

Il ne faut sans doute pas chercher de vérité historique, dans ce film où on demande à Raoul Walsh de se concentrer sur un huis-clos qui est sensé faire le sel du film: Marya, seule de nuit avec Andreyev, qui joue au chat et à la souris avec elle depuis le milieu du film... Mais ce qui intéresse Walsh, c'est l'action au sens large, celle qui déplace les montagnes et implique les peuples. On ne s'étonnera donc pas qu'il soit plus à l'aise avec deux autres moments du film: le début où le sens de léconomie et du raccourci du réalisateur lui permet de camper une Russie opprimée en dix minutes survitaminées, et la fin, quand Marya et son amant, un journaliste anglais (un très juvénile Laurence Olivier) fuient la Russie qui est en proie à une déclaration de guerre qui menaçait déjà depuis quelques bobines...

Pour le reste le film fait un peu partie du purgatoire imposé à Walsh après l'échec de The big trail. Il reste plaisant à voir, pour sa liberté de ton d'une part, pour les excès de Lionel Barrymore, qui en fait tellement que ça en devient drôle, pour les seconds rôles à repérer: James Marcus, un copain de Walsh, était un peu son Ward Bond à lui; ici, il est un chanteur dans une scène de cabaret; Boris Karloff joue un soldat aux mains baladeuses; et Ivan Linow, qui jouait dans The Red Dance, et dans The River de Borzage, était à cette époque réduit aux figurations-éclair. On le repère assez facilement: cette trogne ne ment jamais... 

Et puis il y a une scène absolument splendide: dans ses appartements, la nuit, Andreyev de dos s'approche de Marya. Celle-ci a une arme. La caméra s'approche du colonel au point de ne nous laisser voir que le dos de sa tunique. Un coup de feu retentit, et l'homme tombe, révélant Marya qui halète. Elle porte une robe blanche, et est uniquement éclairée par une lampe à abat-jour, à droite. La partie gauche de son visage est donc dans l'ombre.

Chassez le naturel de l'artiste, il revient au galop, et avec du clair-obscur!

 

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Published by François Massarelli - dans Raoul Walsh Pre-code