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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 14:57

Ce film est un classique, mais c'est surtout une oeuvre dont on entend parler sans vraiment la voir... Le film de Lamprecht est la première adaptation d'un roman de Erich Kästner, qui fut un phénomène de librairie dès sa sortie en 1929. Et pour continuer à inspecter le pedigree du film, rappelons que si Kästner a contribué au script, celui-ci est signé de Billy Wilder (qui orthographiait Billie à cette époque reculée), et de Emeric Pressburger, qui en revanche n'est pas crédité...

Le petit Emil Tischbein quitte sa coiffeuse de mère pour un séjour à Berlin, où il doit retrouver sa grand-mère. Il porte sur lui 140 marks pour sa grand-mère, et n'est pas peu fier de prendre seul le train et de voyager comme une grande personne. Au début, le compartiment est bondé, mais finalement il se retrouve seul en compagnie d'un curieux bonhomme, qui non seulement lui dit des absurdités, mais en plus paraît profondément louche. Il lui donne un bonbon, et Emil plonge dans l'inconscience... Arrivé à Berlin, il se rend compte qu'il a été volé, mais n'ose pas se plaindre à la police, car quand il était chez lui, il s'est livré à quelques farces douteuses aux dépens du pandore local. Il suit donc le malfaiteur et va bien vite trouver de l'aide auprès de gamins des rues de Berlin, des débrouillards dans son genre, qui se sont auto-proclamés "les Détectives"...

C'est l'un des quelques grands films de la fin de la République de Weimar, l'un des rares qui en plus, parle... Quoique, on n'y parle que peu, et toujours à bon escient. Lamprecht, touche-à-tout, trouve dans cette histoire pour sourire le prétexte à montrer l'entraide des petites gens contre la malfaisance, sans avoir besoin comme Lang de convoquer une histoire abominable de meurtre d'enfants... Il y a pourtant en Fritz Rasp, l'immense acteur qui joue le bandit, beaucoup plus que de la malhonnêteté: c'est un peu une figure satanique, surtout vu des yeux naïfs d'un enfant... Emil n'est pas un petit ange, comme le prouve un prologue particulièrement intéressant (et totalement muet) dans lequel on le voit se payer la tête d'un policier local en collant une moustache similaire à la sienne, et une casquette, à l'imposante statue d'un square...

Mais le film joue la carte de l'humour, du volontarisme, et montre comment se prendre en mains, avec un esprit typiquement boy-scout qui est celui des années 30, et d'ailleurs, à la fin, Emil et les "Détectives" se rendent en avion pour retrouver Mme Tibschein, et sont accueillis par une foule de fans en délire, comme Tintin à la fin de ses premières aventures. Au-delà du portrait tendre, de l'enfance éternelle et positive, le film incarne un peu malicieusement toute une époque, à deux pas d'Hergé et ses gamins Bruxellois...

 

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Published by François Massarelli - dans Gerhard Lamprecht Comédie Billy Wilder