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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 17:01

Jeune marié, Clouzot s'enthousiasme pour un projet inattendu: il va partir en compagnie de Vera sa jeune épouse, pour la Brésil d'où elle vient. Retour aux racines pour elle, et occasion pour lui de faire un film... Qui ne se fera pas, premier des projets maudits du réalisateur...

L'idée, il est vrai, était saugrenue, surtout pour lui: faire une sorte de journal cinématographique de voyage dans lequel il jouerait (ou pas) son propre rôle, accompagné de Vera qui manifestement mourait d'envie de participer, et de quelques techniciens ravis de partir en voyage... Il en reste donc dix minutes, tournées et montées, mais sans générique, car le film n'a pas eu de carrière commerciale...

En effet, non seulement le projet était propre à n'enthousiasmer Clouzot que sur quelques jours avant de se réveiller avec la gueule de bois, mais en plus, la première alerte cardiaque de Vera a eu lieu précisément pendant ce tournage de quelques jours... Et Clouzot, dans un geste d'une immense impudeur, a intégré cet aléa dans son court métrage. Le film se termine sur le retour de Vera, après une première opération, toute en sourires, prête à partir vers le Brésil avec son mari. Le voyage se fera, mais il n'en sortira rien...

Le film est du pur Clouzot dans sa mise en scène, mais pas dans son interprétation. Le réalisateur souligne avec adresse le côté documentaire en s'efforçant de cadrer les techniciens et l'ombre de la perche, mais ça ne l'empêche pas de retrouver sa verve de Quai des Orfèvres quand il s'agit de montrer les techniciens désoeuvrés qui attendent le rétablissement de Madame Clouzot. Pour le reste, c'est aussi un document étonnant, qui anticipe sur la plus grande tragédie de Clouzot: Vera.

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Published by François Massarelli - dans Henri-Georges Clouzot