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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 09:28

Dernier film d'une trilogie, Song to song partage avec To the wonder et Knight of cups un style délibérément brouillé, hérité de Tree of life. Malick, après ce dernier film qui est souvent considéré comme son grand oeuvre, est en effet parti dans une direction risquée, déclinant les méditations philosophiques d'amants en crise, à travers un dédale chronologique. La partie mystico-abstraite (création du monde, évolution, etc) de Tree of life ayant donné de son côté le documentaire à la réputation compliquée Voyage of time...

Donc, nous sommes ici confrontés, après l'opus religieux To the wonder, le film autour du cinéma Knight of cups, au monde de la chanson, et si je fournis ensuite un résumé, c'est sur la bonne foi des sites que j'ai consultés, car je n'ai en effet pas pu recoller les morceaux d'une narration qui ne nous donne probablement que 25% des clés de l'intrigue. Par exemple, à moins de lire attentivement le générique final, on ne connaît pas les noms des protagonistes; les repères temporels sont d'autant plus compliqués à capter que le film a été improvisé dans de courtes sessions de tournage, au gré de la disponibilité des acteurs. Et ceux-ci, comme d'habitude, ont surtout eu à marcher dans l'eau devant la caméra en faisant des têtes d'enterrement, sans savoir ce que la voix off qui allait être placée sur les plans, dirait...

Faye (Rooney Mara) est une jeune rockeuse qui souhaite percer, et elle a une aventure avec Cook (Michael Fassbender), un producteur un peu trop charismatique et influent. Elle rencontre BV (Ryan Gosling), un chanteur inconnu, qui s'apprête à faire un album avec Cook, et a une liaison avec lui; mais celle-ci se finit mal, et Faye couche de nouveau avec Cook, qui lui promet un contrat d'exclusivité. Pendant ce temps, Cook se marie avec une jeune femme (Natalie Portman) qui est un peu trop Chrétienne pour accepter le comportement libre de son mari, et BV et Faye ont des relations avec d'autres: Amanda (Cate Blanchett) pour BV et Zoey (Bérénice Marlohe) pour Faye...

Quelle salade, a-t-on envie de dire! C'est vrai que comme toujours, le travail de l'image par Emmanuel Lubezki, les angles et lieux choisis, sont superbes, avec toutefois une réserve de poids: les lentilles privilégiées pour les prises de vue rock 'n roll (avec cuir, tatouages, et même une incursion des Red Hot Chili Peppers et de Patti Smith dans le film) alourdissent le film un peu plus... Les acteurs sont des gens qu'on a envie de suivre, bien entendu, notamment Rooney Mara, Natalie Portman, et Ryan Gosling.

Mais comment se départir d'un ricanement prolongé devant ces plans d'amants qui regardent par terre, les pieds dans l'eau, et ressemblent à s'y méprendre à des acteurs auquel un metteur en scène hors-champ, donne l'ordre d'avoir l'air maussade dans une inspiration de dernière minute? Et si ces trois films post-Tree of life, finalement, n'étaient qu'une expérience ridicule, prétentieuse, et inutile? Et si on attendait de Malick qu'il prenne de nouveau du temps pour réfléchir à un film, et qu'il ne s'adonne pas seulement à des tournages de pubs géantes sans produit à vendre, avec des acteurs qui sont plus des modèles qu'autre chose, avec gros plans sur les Louboutin toutes les trois minutes?

...parce qu'il faut bien le dire, à part peut-être quand Rooney Mara tripote une Fender Jaguar, on s'en fout.

 

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick Rooney Mara On s'en fout Ryan Gosling