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7 février 2020 5 07 /02 /février /2020 09:29

Sorti en septembre 1946, c'est sans doute un film tardif dans le cycle, pourtant tout lie Cloak and dagger à Man Hunt, Hangmen also die, et Ministry of fear, les trois films de propagande réalisés en 1941, 1942 et 1944 par le réalisateur. Tous parlaient de prise de conscience et de décisions de résistance, face à l'hydre du nazisme. L'intention de Lang était cette fois de permettre au film un lien avec le futur, et l'âge de l'atome, mais la production en a décidé autrement...

1944: Alvah "Al" Jesper (Gary Cooper) est un physicien de renom, que l'OSS (Organisation services secrets) va embaucher en tant que spécialiste pour récupérer deux scientifiques contrôlés par les nazis et les fascistes en Europe et dont les recherches pourraient accélérer les connaissances des puissances de l'axe en matière de bombes atomiques. Il se rend à Zurich pour y récupérer le professeur Katerin Lodor, mais elle lui échappe, et c'est le début d'une course à travers l'Europe, entre la Suisse et l'Italie, pour récupérer l'autre professeur...

Ca commence en bon film de Lang, par une opération vue de nombreux points de vue, avec l'usage des figures Langiennes habituelles: signes, suspense, les inquiétantes visites nocturnes... Puis, bien plus que sur les trois films de propagande précédents, le metteur en scène va s'amuser avec l'accumulation de péripéties improbables dans lesquelles Gary Cooper, espion de circonstance, et pas forcément particulièrement doué, va se perdre et se débrouiller tant bien que mal. Et c'est à la fois plus léger que les autres films, et sans doute très Hitchcockien, comme si une évolution du cinéma faisait tout à coup passer Cloak and dagger entre The 39 steps et, disons, Saboteur ou même Torn curtain (avec lequel d'ailleurs Cloak and dagger comprend plus d'un troublant point commun).

Alvah, profane de choc placé malgré lui dans une situation qui le dépasse, a pourtant une longueur d'avance sur les héros des trois films mentionnés plus haut: il est, lui, volontaire pour se prendre des tuiles et se mettre en danger! Le film, dont le titre est une allusion à l'expression utilisée pour désigner familièrement le monde de l'espionnage, est sans doute le plus romantique des quatre, et pour cause: la guerre est finie, d'où une position paradoxale. Néanmoins, le temps d'un film, Lang relance les conflits, se permettant de nouvelles figures de style, parmi lesquelles l'une des plus notables est l'intrusion (impensable en temps de guerre) d'un personnage de femme Américaine que les sympathies nazies ont transformé en espionne de première classe...

Mais pour la production, il s'agissait de rendre hommage au travail accompli par les services secrets durant la guerre pour effectuer un lien avec les différentes Résistances locales; pour Lang, il fallait plutôt retourner sur le terrain et aller voir si on n'était pas confronté à une fuite du nazisme vers d'autres cieux, puisque il souhaitait montrer qu'après la guerre, une sorte de continuité s'était effectuée entre l'Allemagne d'Hitler, et l'Espagne ou l'Argentine... Une vision pessimiste que la production n'a pas souhaité laisser s'exprimer, faisant de ce petit film d'aventure, au moins, une impeccable intrigue romantique à souhait, où Gary Cooper et Lilli Palmer volent la vedette à la Résistance de la plus belle des manières...

 

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Published by François Massarelli - dans Fritz Lang Noir