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19 juillet 2020 7 19 /07 /juillet /2020 10:36

Après la présentation d'A propos de Nice, son premier film, Vigo était disponible et il a reçu une proposition de Gaumont, celle de réaliser un complément de programme. Il a choisi le sport, ce qui lui permettait de se livrer à quelques facéties sur le corps, son sujet de prédilection.

Le film s'appelle La natation par Jean Taris, champion de France, d'une part parce qu'il était un court métrage parmi d'autres, tous consacrés à un sport en particulier, et déguisés en films didactiques. On y sent une véritable envie de s'amuser, aussi bien avec le montage, les truquages (pour la seule fois de leur courte carrière, ce n'est pas avec Boris Kaufman que Vigo travaille ici, mais avec d'impersonnels mais chevronnés opérateurs dépêchés par Gaumont) qu'avec les possibilités surréalistes du cinéma...

C'est donc bien plus que quelques images sportives d'un nageur en pleine gloire... Le petit film de 10 minutes est un festival d'expérimentations en tous genres, qui permet à Vigo, sous le prétexte d'un documentaire à la gloire d'un champion de natation, de tout tenter pour souligner l'extraordinaire liberté de Jean Taris, pour filmer la poétique danse sous-marine des corps, et une fois de plus aller au plus près de la réalité corporelle, sans pudeur ni excès. Drôle et aérien, son film fonctionne encore 80 ans après.

Une des clés de ce Taris que Vigo n'a pourtant pas tardé à renier, c'est l'admiration sans borne du metteur en scène pour Jean Painlevé, le metteur en scène de films scientifiques, qui n'avait pas son pareil pour filmer des bestioles, souvent aquatiques et d'en détourner les images au travers d'une association inattendue: on connaît son insertion d'un plan de Nosferatu dans son film sur la chauve-souris, par exemple. Avec Taris, Vigo essayait sans doute de «jouer» à être Painlevé...
 

 

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Published by François Massarelli - dans Jean Vigo