Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 16:21

Un homme vient de perdre son épouse: le médecin le laisse à son chagrin, c'est une rude journée: en plus du décès (plus ou moins programmé) de la dame, il y a eu deux morts infantiles et un matricide particulièrement carabiné... L'homme prend le train pour rentrer chez lui, et pendant le trajet, il se retrouve face à un abominable garnement, qui se moque de tout, et en particulier du chagrin d'un couple dans le wagon, qui viennent de perdre leur bébé... 

C'est un court métrage de 26 minutes, écrit et réalisé par McDonagh, et présenté triomphalement au festival de Cork; il a reçu un certain nombre de distinctions dont un Oscar en 2006... le metteur en scène agit ici, définitivement, en auteur, aussi bien d'un point de vue cinématographique (il se joue de devoir placer ses personnages dans un train en marche pendant environ 20 minutes de film, comme s'il l'avait fait toute sa vie) que d'un point de vue textuel. On le sait depuis le succès de ses longs métrages, McDonagh est comme Billy Wilder, le texte de ses films doit être respecté à la virgule près, et on le comprend particulièrement ici: le comique méchant et assez irrésistible du film se nourrit justement de cette précision verbale, qui installe magistralement, d'un côté la détresse notamment ressentie par le personnage principal (Brendan Gleeson), de l'autre une sorte de renoncement humain ultime, un pied-de-nez à toutes les convenances, incarné par le jeune Rúaidhrí Conroy.

Et comme dans les films des Coen, McDonagh a un talent incroyable pour la digression pertinente, ainsi ici, il installe une sorte de besoin pour le personnage principal comme pour le spectateur, d'entendre une histoire dont il est question à plusieurs reprises, avant qu'on ne l'entende. L'avantage du cinéma, c'est que non seulement on entend l'histoire de la vache qui avait trop de gaz, mais en plus on la voit, et sa chute est explosive... 

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Martin McDonagh Comédie