En Egypte, durant la période d'esclavage des Hébreux en Egypte, une guerre de succession se prépare: pour couper court, Pharaon décide: son fils (premier en lice, peu intéressé a priori par le pouvoir) épousera sa soeur (dont les dents rayent convenablement le parquet), comme ça on pare à toute éventualité. La future reine Userti (Arlette Marchal prend ça très au sérieux, pas son frère-époux Sethi (Adelqui Migliar), qui préfère se promener incognito dans les quartiers juifs. Il y rencontre la belle Merapi (Maria Corda), qu'il sauve d'un contremaître égyptien aux mains baladeuses... Entre le prince d'Egypte et la belle esclave aux pouvoirs étranges, c'est désormais à la vie à la mort...
On se reconnectera à partir de là, à l'histoire de Moïse, aux sept plaies d'Egypte, à l'exode... Car la mission donnée à Curtiz (étrangement appelé Courtice sur la copie Anglaise visionnée) par Sascha Kolowrat est de faire du spectacle à la DeMille. C'est-à-dire de réaliser un film aussi dingo que son Sodome et Gommorhe, mais raisonnable! Une mission difficile, dont il va quand même s'acquitter avec les honneurs. Certes, le film est pesant, à plus forte raison paradoxalement quand on sait qu'il a été coupé et qu'il manque trois ou quatre bobines de matériel, mais il a obtenu de ses interprètes un jeu plus sensé que tout ce qu'avait pu faire cette pauvre Lucy Doraine, qui était partie fâchée, et en instance de divorce, du film monumental cité plus haut.
Place donc aux scènes de foule, aux jugements hâtifs assortis de bûcher vite monté, au marché au mariage, une valeur sûre du film biblique, aux guets-apents dans le désert (mais où donc ces Autrichiens l'ont il filmé?), aux rebondissements et bien sûr aux eaux qui se retirent de la Mer Rouge. Presque contemporain du film The ten commandments, cette Esclave Reine lui a fait de l'ombre en Europe, au point que la Warner a décidé d'engager le trublion. On connaît la suite... Mais ce film est l'une des premières fois où Curtiz évoque un thème qui reviendra souvent dans son oeuvre: l'exode est ici une évocation de l'exil, de la part d'un metteur en scène qui a fui son pays contraint et forcé, et ne s'en remettra jamais. Pour vus en convaincre, revoyez ses films...