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6 mai 2021 4 06 /05 /mai /2021 17:22

Une esthétique 1967 particulièrement affirmée, c’est ce qui saute aux yeux durant un générique déroutant : un homme découpe des fragments de photo dans des magazines de mode français ou Anglo-saxon, le point de départ d’une obsession affirmée pour les pays qui ne sont pas l’Espagne…

Julian (Jose Luis Lopez Vasquez) est cardiologue, célibataire. Il rencontre l’épouse d’un ami d’enfance, Pablo (Alfredo Mayo) : Elena (Geraldine Chaplin) est blonde, anglo-saxonne semble-t-il encore que ce ne soit pas très clair ; et surtout elle ressemble à s’y méprendre à une jeune femme qu’il a vue (ou rêvée) dans son passé ; elle était blonde, et frappait avec énergie sur un tambour durant une fête de village. Julian est amoureux, le dit à la jeune femme et celle-ci va, tout en jouant au chat et à la souris avec lui, se faire un plaisir de le rejeter… Parallèlement, Julian a bien vu que son assistante au cabinet, l’infirmière Ana (Geraldine Chaplin aussi), bien que brune, ressemble énormément à Elena. Il la séduit…

Le film est placé sous un double patronage cinématographique: Bunuel d’un côté, dont les récits teintés de surréalisme auraient bien profité d’une obsession comme celle de Julian, et la présence de deux sosies opposés pour le désir d’un homme est là aussi bien dans sa manière… Saura a dédié son film à Luis Bunuel, ce n’est donc pas un hasard. Sinon, la situation (un homme amoureux refait une femme qui ressemble vaguement à l’objet inatteignable de son désir, afin de la refaçonner au plus près de l’être aimée) renvoie assez clairement à Vertigo, donc Hitchcock, dans son versant le plus malsain, est aussi un modèle évident. Julian, qui est obsédé par chaque aspect de la femme qu'il aime ou croit aimer, au point de s'aveugler devant l'humiliation qu'il subit en permanence, est un dangereux obsédé qui renvoie le personnage de James Stewart dans le film de 1958, dans les cordes...

Mais la principale clé du film est bien sûr le Franquisme, vu ici à travers la fascination malsaine d’un homme pour un modèle impossible à atteindre, et bien évidemment basé sur un fantasme des pays étrangers, ceux qui à l’écart du fascisme Espagnol ont pu rester libres… Donc le film est malsain, certes, mais il est surtout gonflé…

 

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Published by François Massarelli - dans Carlos Saura