L'intrigue? Il s'agit de la vie de Rembrandt van Rijn (Charles Laughton), à partir de la mort de son épouse, et la déchéance de plus en plus cruelle de l'artiste qui se refuse à peindre comme on le lui demande... Alexander Korda avait réussi trois années auparavant avec son Henry VIII un coup d'éclat spectaculaire, et entendait bien le refaire...
Mais le cinéma a changé en trois ans: l'évidente coquinerie du film précédent est ici escamotée au profit de l'histoire d'une chute, celle d'un artiste destiné à ne pas être reconnu de son vivant. Pour Laughton, c'est un défi personnel dont il se ire avec les honneurs, celui de montrer la vie d'un homme qui va physiquement changer de manière spectaculaire entre le début et la fin du film. Il est accompagné, pour un temps, par madame Laughton, Elsa Lanchester qui interprète la deuxième épouse du peintre: rien que pour elle, le film vaut le détour!
La peinture reste étonnamment à l'écart du film, à l'exception d'une anecdote autour de la commande de La Ronde de nuit, et de citations, notamment un autoportrait final... En lieu et place, Korda se plaît à recréer les ambiances d'Amsterdam au XVIIe siècle, et du même coup retrouve une part de ce qui fait la peinture du génie. Mais une fois de plus, devant un film de Korda, on se rend compte à quel point il se voulait, essentiellement, le passeur des émotions des autres... Le film ne cache rien, ici derrière l'évocation linéaire d'un génie pictural. Rien, si ce n'est bien sûr le talent pour la composition, une utilisation rigoureuse de l'espace et du décor, et une direction d'acteurs absolument impeccable. On s'en contentera...