Jean-Jacques (Emmanuel Mouret) et Ariane (Frédérique Bel) se réveillent... Ou du moins Jean-Jacques, car Ariane n'a pas, mais alors pas du tout envie de s'éveiller. Par contre, Jean-Jacques, lui, a très envie... d'Ariane. C'est ce petit problème de synchronisme de couple, ainsi qu'un flash-back sur la journée du jeune homme, qui va être à l'origine de la mésaventure parfois cocasse, parfois troublante, souvent embarrassante que va vivre le jeune homme. Car quand Ariane se décide enfin à accorder ses faveurs, le téléphone de Jean-Jacques sonne, c'est une femme (Judith Godrèche), et ça pose un gros problème à Ariane. La seule solution, pense-t-elle, c'est de laisser son compagnon la tromper.
Ni Ariane ni Jean-Jacques ne pouvaient prévoir que la jeune femme rencontrée plus tôt, et qui téléphonait pour prendre rendez-vous, serait la fille du président de la république (Jacques Weber), ni qu'elle serait particulièrement compliquée et excentrique, ni que sa bonne (Déborah François) allait se révéler plus désirable encore, ni qu'Ariane allait elle aussi trouver une occasion... etc.
Précieux: le second sens de cet adjectif est le plus souvent un brin péjoratif mais point trop n'en faut. On a un peu peur, car Mouret, passé chez Rohmer, a un peu tendance à pratiquer comme lui les dialogues dans un français suranné, impeccable et dit avec une diction parfaite... Mais si c'est parfois gênant, ça ne l'est jamais trop. Et l'irruption d'un Dany Brillant survolté, qui profère un tonitruant "on mais tu t'fous d'ma gueule", n'en a que plus de saveur. C'est, en fait, tout le style des comédies de Mouret que de placer le terrain de jeu dans cet univers parallèle de gens qui parlent bien... Et ça marche.
Embarrassé: le meilleur de la comédie Américaine, c'est ce qui est basé sur la gêne... L'impossibilité pour un personnage de reculer, la confusion, les moments où le ridicule est tellement gros qu'il faut vivre avec. On verra ici des bribes de Lubitsch, et un zeste de Blake Edwards, car si Emmanuel Mouret n'a pas vu The party, alors c'est une étonnante coïncidence... Jean-Jacques, en effet, se retrouve en invité de trop, décalé et cherchant les toilettes, dans une réunion du tout-Paris...
Ancillaire: chez Lubitsch, les films sont souvent vus par le point de vue des gens de maison. ca permet souvent des digressions, des non-dits, des non-montrés aussi. Et ç remet les pendules à l'heure. Du début à la fin du passage de Jean-Jacques dans le grand monde, il s'avère que ce sera Aneth (Déborah François) qui aura le plus la tête sur les épaules dans le film, et elle le prouve d'un étonnant baiser qui est l'un des plus belles scènes du film...
En bref: certes, je le disais plus haut, la diction ne peut pas donner la moindre impression d'authenticité. Mais c'est convaincant, parfois physique, touchant, et le moins qu'on puisse dire, c'est que comme Tati ou Keaton (il réfère aux deux dans le film), Mouret sait ne pas se donner le beau rôle...