James Bond doit aider un général Soviétique à passer à l'ouest, et tout se passe comme prévu... Sauf que le général est enlevé à nouveau. Un coup du KGB, ou d'une autre puissance?
J'ai essayé de réduire l'intrigue de ce film à sa plus simple expression, mais ce texte reste encore trop long... Disons que cette fois, pourtant, l'histoire se suit relativement bien, et accumule les surprises, les bonnes, qui plus est: d'une part, le "nouveau" party boy, Timothy Dalton, qui allait s'en prendre plein la figure de toute part, est assez convaincant, dans l'ensemble. Moins vieux (il doit bien avoir 48 ans de moins que lui) que Roger Moore, il retrouve à la fois l'énergie et le physique d'un "jeune" Bond, tout en ayant une certaine fragilité. Il est aussi, avant le nihilisme robotique affiché par Pierce Brosnan, et après le jean-foutisme aboslu de Moore, un Bond ombrageux, qui commence ici à manifester comme un sentiment d'à quoi bon qui va culminer avec le film suivant...
Et pour cause: l'intrigue avec ses colonels soviétiques et ses services secrets britanniques perdus devant une situation qui les dépasse, fait la part belle à la redistribution des cartes qui était en cours dans le monde en 1987, alors que l'URSS de Gorbatchev pratiquait une détente dont on ne savait pas trop quoi faire, et que l'encouragement des Etats-Unis Reaganiens au business avant tout menait effectivement à des situations inédites: ici, l'un des protagonistes est un marchand d'armes tout ce qu'il y a de plus légitime, même si ses méthodes sont mafieuses; Bond, d'ailleurs, prend parti, en aidant objectivement des Moudjahidines dans une bataille contre l'envahisseur Russe, comme si l'espion ou la famille Broccoli avait compris que c'était là-bas que l'avenir du monde allait se jouer...
Mais n'imaginons pas des choses au-delà du raisonnable, c'est un James Bond, et la réalisation est soignée: il y a un pré-générique excitant, un générique de Maurice Binder, des paysages et des cartes postales, des évasions et sauvetages de dernière minute (dont un sur un étui de violoncelle Stradivarius) et bien sûr une présence féminine qui en prend un peu pour son grade: palpage du fessier de cette pauvre Moneypenny (à quand un spin-off, Moneypenny 008) dans lequel elle mettrait la pile à tous les phallocrates?), et une jeune première compétente, mais dont le Bond aux sourcils circonspects passe son temps à protéger les arrières pour souligner qu'elle n'est qu'une innocente et pauvre créature. Je sais, "autre temps...". Mais ce film, pour résumer, ne mérite absolument pas sa mauvaise réputation, il serait même, je pense, parmi les meilleurs que j'aie vus... Il a même une rareté, un méchant fichtrement sympathique... C'est Jeroen Krabbe, parce que j'adore spoiler.