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7 octobre 2021 4 07 /10 /octobre /2021 11:33

Que cache le regard perdu et les sourcils sombres d’André Demester (Samuel Boidin)? L’agriculteur passe des journées morne à son tracteur, sous le regard mystérieux de Barbe (Adélaïde Leroux), son amie d’enfance, qui quelquefois le prend par la main, et dans la froide humidité des après-midis Flandrins, le conduit dans les fourrés où ils ont un rapport sexuel - pas d'autre mot pour un acte mécanique et qui ne semble pas trahir le moindre élément affectif. Puis elle s’en va en lui faisant la bise… Dès le départ il y a quelque chose qui ne va pas entre ces deux-là, et ça tient à leurs sentiments. A ce qu’ils n’expriment pas, et même à ce qu’ils chassent : quand on le lui demande, en présence de Barbe, André nie l’évidence: non ils ne sont pas ensemble, et quand elle se laisse séduire par un autre sous ses yeux, André souffre mais ne le dira pas.

A des kilomètres de là, les deux hommes vont faire partie de la même troupe, dans la même guerre (anonyme, ce pourrait être en Irak, en Afghanistan, ou ailleurs; ça a été tourné en Tunisie), et leur petit groupe (sept soldats) est plus marqué par le conflit interne que par la camaraderie. La guerre y est filmée comme un acte désespéré, nihiliste, mais les rapports entre les hommes, eux-mêmes, sont pires encore: inévitablement, quand les deux protagonistes se retrouvent seuls l’un avec l’autre, ils se retrouvent non pas en camarades, mais en rivaux… Et ça va dégénérer, malgré toutes les bonnes résolutions.

Barbe, de son côté, a une histoire très compliquée: sa mère a fini dans un hôpital psychiatrique, pour des troubles qu’elle semble partager… Son principal problème est-il lié à son attitude très particulière face au sexe, cette passivité et cette acceptation presque servile des désirs des hommes de sa vie? A-t-elle choisi de se tenir à l'écart des sentiments parce qu'ils sont dangereux pour elle?

Loin des Flandres, les scènes de guerre ont beau faire penser à Full Metal Jacket, l’austérité qui s’en dégage est impressionnante. Le cinéaste nous conte une odyssée minable de sept hommes qui vont se fédérer autour… d’un viol. Pas tous, néanmoins : devant l’action de leurs camarades, les deux rivaux en amour assistent dans un premier temps au crime de leurs camarades qui déshabillent une combattante et lui passent dessus à tour de rôle (une scène aussi rigoureuse que violente, bien entendu), mais l’un d’entre eux fera le choix de faire comme eux. Pas l’autre…

A la fin, enfin, les deux copains-copines se retrouvent au pays. L’atmosphère est lourde, car de l’eau a coulé sous les ponts. Il y a eu un enfant, dont on ne sait pas ce qu’il devient… André Demester, lui, a au moins appris une chose : il sait, maintenant, non seulement quels sont ses sentiments à l’égard de la petite Barbe, mais aussi qu’il doit le lui dire…

 

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Published by François Massarelli - dans Bruno Dumont