Mary Stevens (Kay Francis) et Donald Andrews (Lyle Talbot) ont affronté ensemble la fac de médecine, et ils sortent diplômés en même temps, et ouvrent un cabinet au même moment, en compagnie d'une infirmière commune, Glenda (Farrell). Mais... Très vite il apparaît que si Donald a pris leur relation pour de l'amitié, ce n'est pas du tout le cas de Mary, qui doit s'effacer lorsque son petit ami fricote, puis se marie, avec la fille (Thelma Todd) d'un politicien. Ce qui va apporter beaucoup d'opportunités au jeune homme, et des ennuis avec la justice aussi. Après quelques temps, les deux médecins doivent se rendre à l'évidence: le mariage est un fiasco, ils s'aiment et tout irait pour le mieux si la machine politique de son beau-père acceptait de lâcher Don. Mary, qui est enceinte à l'insu de Don, décide de s'effacer et part pour l'Europe avec Glenda le temps que la situation s'éclaircisse.
A l'opposé d'un Curtiz, Lloyd Bacon utilise son étonnant talent de metteur en scène afin de faire faire des économies au studio. Il n'y a pas, chez lui, de grande envolées spectaculaires, juste une solide efficacité narrative, mais il arrive qu'il s'en dégage une certaine austérité. Par exemple, Bacon va à l'essentiel et ne s'encombre pas d'ambiguités inutiles, perdant parfois des occasions... Kay Francis doit affronter aussi souvent que possible une hostilité presque burlesque du monde entier (et de sa patientèle) à l'égard des femmes médecins, par exemple, jusqu'à ce qu'un jour, pouf! ça a disparu... Glenda ne semble exister que pour son travail, voire pour Mary, mis elle la soutient dans un constant abandon d'elle-même... Et si vous voulez mon avis, ce Don, il n'est pas du plus fiable...
Mais c'est comme ça qu'il en va de ces petits films Warner dont le ton, le rythme et l'abattage des acteurs reste un plaisir constant... Y compris quand il est question comme ici, d'assumer un adultère et une grossesse hors extra-maritale, ou de confronter le public à la mort tragique d'un enfant, voire à la possibilité du suicide: oui, Kay Francis souffre dans le film. On est en droit de penser qu'elle en fait trop, je l'ai lu ici ou là... Pas pour moi.