Le théâtre du Grand-Guignol s'est ouvert en 1897. Non que le cinéma n'ait osé s'aventurer dans cette même direction si tôt, mais il y avait quand même certainement, dans ce petit film à la cruauté assumée et teintée d'absurde, un clin d'oeil à destination du public qui se rendait dans ce sulfureux lieu de débauche qu'on n'ose à peine qualifier de culturelle...
Pour mémoire, le film nous montre un chirurgien et ses assistants se livrer une amputation sur un être humain (mais il est si facile de voir qu'il s'agit d'un mannequin, qu'on ressentira sans doute une embarrassante déception) avant de lui coller un membre de rechange...
Notons maintenant trois choses, dont une qui pose forcément question.
Un: le film est prévu pour la vente dans les pays Anglo-saxons... Mais les traducteurs de Gaumont ne parlent que très mal la langue de Robert William Paul et Edwin Porter.
Deux: ça y est! à un moment dans le film on aperçoit le petit cartouche Elgé pour LG (léon Gaumont) sensé décourager la copie. Le cinéma est devenu global, et doit s'adapter à la jungle de la concurrence et la tentation de la contrefaçon.
Trois: mais pourquoi fallait-il que ces chirurgiens à la scie un peu leste, soient des noirs? Je n'ai pas de réponse autre qu'embarrassée.