Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

14 avril 2022 4 14 /04 /avril /2022 09:44

Michel Marnay (Charles Boyer), playboy international et bourreau des coeurs bien connu, se rend aux Etats-Unis pour y épouser une riche héritière, et Terry McKay (Irene Dunne), chanteuse de cabaret, est sur le même transatlantique pour rejoindre son fiancé, qui est aussi son patron. Les deux conviennent assez vite qu'il est très agréable d'être ensemble, et qu'il convient donc de marquer ses distances... ce qui s'avère vite impossible, car comme le dit Michel, ils sont sur le même bateau. Une excursion à terre, pour rendre visite à la grand-mère de Michel, finit par sceller leur entente: au moment où le bateau entre à New York, ils se mettent d'accord pour rompre avec leurs fiancés respectifs et se donnent six mois pour se retrouver au plus près du paradis, soit au sommet de l'Empire state building. Michel devient peintre, et Terry reprend ses activités. Mais à la date convenue, en chemin vers le lieu de rendez-vous, elle a un accident qui la prive de l'usage de ses jambes. resté seul, Michel pense donc qu'elle l'a oublié, alors que...

Refait en Scope et en couleurs en 1957 (An affair to remember), avec Cary Grant et Deborah Kerr, parce que c'était l'un de ses films préférés, ce classique a été produit pour le compte de la RKO, et c'est une merveille: McCarey y raffine sa formule, forgée durant des années, dont bien sûr sa période d'apprentissage chez Hal Roach: une comédie du quotidien, qui est d'autant plus prenante et touchante qu'ici elle est quasiment privée du moindre gag ou de la moindre velléité de faire rire. Sourire, par contre, est tout à fait possible: d'une part parce que le rapprochement cosmique entre les deux fiancés-oui-mais-à-deux-autres-personnes, sur le bateau où le destin les a réunis, est constamment magique, ensuite parce que les héros vient au milieu d'un problème dont l'humain n'est, définitivement, pas la cause: en effet il n'y a pas de méchant ici, que des gens qui veulent le bonheur d'un côté et d'autres qui sont ravis de pouvoir les aider, y compris les fiancés délaissés. Et puis McCarey filme l'évidence des sentiments, ceux qu'on n'a jamais besoin de dire parce qu'ils sont là. Ca passe, par exemple, par la révélation à la fin d'une conversation sur tout et sur rien, du fait que depuis quelques minutes les deux protagonistes se tiennent la main sans qu'on s'en soit aperçu, et peut être qu'eux non plus...

Et si le film traite souvent du quotidien en terme d'embarras selon la règle de la comédie burlesque (en particulier les films avec le comédien Charley Chase dont McCarey était le réalisateur), il traite aussi de l'amour, des sentiments, voire du sacrifice en terme de sacré. Un domaine qui le passionnait tout autant comme le montre The bells of St Mary's, mais qu'il va chercher ici dans le lien indicible entre un artiste peintre amoureux d'un souvenir et persuadé que ce souvenir se dérobe à lui, et une musicienne qui ne veut surtout pas que son amant sache qu'elle est devenue, du moins le croit-elle, un poids lourd.

Lors d'une rencontre motivée par l'amertume et la rancoeur, le salut viendra de la providence, après quelques déconvenues cruelles, mais aussi grâce... à un tableau. Bref, on n'est pas si loin que ça de la notion d'amour fou et sacré telle que la pratiquait Frank Borzage. Une comédie sentimentale qui n'a pas peur de faire délirer ses spectateurs, voilà tout ce dont nous avons besoin!

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Leo McCarey Comédie Criterion