...de la pizza au réglisse? C'est l'un des noms parfois donné, dans les années 70, aux disques à microsillons à cause de leur forme circulaire et de leur couleur. Oui, on ne disait pas "vinyle" à l'époque, ou si peu.
Mais la raison d'être de ce titre étrange s'arrête au fait que pour accompagner cette évocation d'une époque révolue (donc, les années 70, avant la fin de la guerre du Vietnam), Paul Thomas Anderson et son complice musical désormais habituel, le grand Jonny Greenwood, ont utilisé un grand nombre de chefs d'oeuvre de la période, justement. Mais la musique ne joue pas un rôle primordial dans cette histoire d'amour...
Gary, 15 ans, rencontre au lycée une jeune femme, Alana, 25 ans: cette dernière travaille avec l'entreprise qui s'occupe pour l'école des photos de classe. Gary, qui a déjà un passé d'acteur (on est en Californie), est très sûr de lui, et fait du rentre-dedans pour vaincre les réticences de son amie. mais justement, celle-ci veut rester une amie et pas plus, à moins que... Et Gary finit par laisser pourrir la situation, à moins que...
Forcément, on sait que le film va jouer au chat et à la souris avec cette histoire d'amour virtuelle, rythmée par les lubies de Gary (qui agit en jeune apprenti entrepreneur, sautant sur toutes les occasions rendues possibles par les modes passagères, comme le matelas à eau, par exemple) et les hésitations d'Alana, qui aimerait bien passer à autre chose, mais n'arrive pas à se débarrasser de ce gaillard si attachant malgré son manque flagrant de maturité...
Les anecdotes abondent, entre tendresse, ironie douce, et une galerie de personnages en or, généralement interprétés par des pointures. On appréciera Bradley Cooper en richissime butor, petit ami de Barbra Streisand mais véritable coureur de jupons, Sean Penn en acteur établi, imbu de sa propre importance... Le film est une chronique des années 70 saisies dans le quotidien de deux personnes qui ne sont pas n'importe qui, définitivement, et dont on se dit souvent qu'ils sont faits l'un pour l'autre malgré la différence d'âge. On s'attend, fatalement, à de la douleur et des réveils difficiles.
Alors, le verdict? Eh bien, réponse après deux heures et quinze minutes de pur bonheur... La mise en scène s'installe dans la période comme si on remontait le temps (Anderson sait faire, remarquez: voyez Boogie nights, The Phantom Thread, The Master, There Will Be Blood ou l'hilarant Inherent Vice), et les deux acteurs principaux sont parfaits: Cooper Hoffman prend la relève de son père décédé, et Alana Haïm est venue avec toute sa famille, littéralement, pour donner encore plus de vie à son personnage. Quelque chose me dit qu'il va falloir retenir son nom.