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27 juin 2022 1 27 /06 /juin /2022 15:02

1934, New York: Eben Adams (Joseph Cotten), un peintre qui ne parvient pas à joindre les deux bouts rencontre une énigmatique fillette, Jennie Appleton (Jennifer Jones). Celle-ci l'enchante par son entrain, mais l'intrigue par son discours qui parfois ne fait pas vraiment sens... Ils vont se revoir, et à chaque fois Jennie sera plus âgée, plus mûre. Eben fera même son portrait, mais se rendra compte aussi que la jeune fille est une apparition surnaturelle, et que son destin n'est pas brillant...

Ce dernier point est, sans aucun doute, une marque d'indulgence à l'égard du personnage d'Eben: car il faut beaucoup de temps avant que le peintre ne comprenne que Jennie est selon toute vraisemblance un fantôme, alors que nous le comprenons sans doute dès la première scène: l'anecdote du théâtre, et la discussion sur le Kaiser auraient quand même du lui indiquer que quelque chose ne tournait pas rond... Mais le film est, en réalité, bien plus une fable qu'autre chose, et nous pousse à accepter cette apparente incohérence, qui à défaut d'être logique, sert assez bien la narration en installant les personnages et les spectateurs dans une continuité qui donne de l'importance à l'évolution de Jennie, et à l'amour naissant d'Eben, clairement ensorcelé...

Et le refus de faire peur, la douceur de Jennie (Jennifer Jones est constamment sur le fil du rasoir entre délicatesse et mièvrerie, et elle s'en sort bien), servent bien ce qui est avant tout un conte. Nous sommes ici à des années-lumière du film d'horreur, et Dieterle se met tout entier dans les pas d'Eben, et nous avec. Nous le suivrons donc dans son "enquête" sur celle dont il ne parviendra que tardivement à comprendre qu'elle est déjà morte, et qu'elle a établi un lien avec le peintre à travers l'au-delà... L'occasion pour Dieterle, et David O. Selznick, de tenter une dernière bobine qui est remplie d'effets spéciaux: une séquence de tempête, étonnante et parfois un peu maladroite, mais dans laquelle la science de la mise en scène apprise en Allemagne derrière Murnau, sert particulièrement bien le réalisateur; des filtres, vert et orange, qui créent une atmosphère étonnante, et enfin, un plan, un seul, en Technicolor, probablement à l'imitation d'Albert Lewin qui avait dans The picture of Dorian Gray usé du stratagème de la couleur dans un film en noir et blanc, pour mettre en relief un tableau... 

Et Dieterle sort aussi une autre carte gagnante: Lillian Gish, pour cinq minutes en compagnie d'un personnage de nonne. Celle qui avait tant insisté en 1923 pour tourner The White Sister pour Henry King, est ici parfaitement à l'aise pour incarner la religieuse préférée de Jennie.

 

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Published by François Massarelli - dans William Dieterle Lillian Gish