Trois courants se retrouvent dans ce film, une courte bande d'une minute, où Méliès interprète une fois de plus le rôle du Diable... C'est un rôle qui lui tenait à coeur, lui permettant à la fois de désamorcer constamment le sérieux des images d'Epinal qu'il était parfois amené à tourner, et aussi parce qu'il avait compris que le méchant est forcément ce qu'il y a de plus intéressant dans une oeuvre de fiction! Sans parler du transfert de sa propre autorité sur celle de Lucifer, à moins que ce ne soit le contraire!
Dans le film, le Diable est pourtant un maître de cérémonie de second plan, qui dans un chaudron magique, fait apparaître un ange de lumière... en fait une danseuse qui reprend la chorégraphie si particulière de Loïe Fuller, qui obsédait les cinéastes depuis qu'Edison en avait fait un film. le principe était que la danseuse faisait ondoyer des pans de tissu de son costume, sous un déluge de lumières projetées.
Cette Danse du feu est donc la jonction des fééries diaboliques de Méliès, des films de magie avec apparition/disparition, et d'un genre extérieur auquel il s'adonne sans doute par opportunisme. Mais l'utilisation de la "Danse du feu" ici, conditionne l'emploi de la couleur, car il était impensable de voir Loïe Fuller ou ses imitatrices en noir et blanc. ...Jehanne d'Alcy, comme ici.