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22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 09:03

1953: Méliès est mort depuis 15 ans. des voix off racontent son histoire: le théâtre Robert-Houdin, un spectacle à son image, fait d'illusions savamment distillées, d'artifices increvables, de projection aussi de ses dessins; la découverte en 1895 au Grand Café de 'invention des frères Lumière, qui refusent de lui vendre un dispositif de cinématographe; puis Méliès se confectionne sa propre caméra et se lance dans le tournage de films toujours plus étonnants; la fin de sa carrière avant la guerre, évoquée après les réussites les plus flagrantes de son oeuvre, sa dépression qui le poussa à détruire ses films; sa redécouverte à l Gare Montparnasse en 1928, devenu marchand de jouets, et enfin sa mort après une vie modeste, à l'ombre d'une pension pour artistes, en compagnie de sa femme Jehanne d'Alcy.

C'est André, le fils du magicien, qui joue le rôle de son père... Il ne lui ressemble pas, d'ailleurs. Mais qu'importe, le film ne se comporte pas comme une fiction, plus une évocation, à laquelle sont associés trois personnages-clé: Marie-Georges Méliès, la petite fille, qui fournit des voix off. François Lallement, ancien collaborateur technique et artistique du maître, commente les trucages et les extraits de films (et se reconnaît aussi à l'écran en jeune officier à moustache dans Le Voyage dans la Lune). Enfin, Jehanne d'Alcy (1865 - 1956) elle-même tient son propre rôle, se tenant derrière son mari (joué donc par son fils) dans leur modeste dernière demeure, et se rendant au cimetière à la fin du film...

Car cette évocation d'un fervent admirateur de Méliès et des premiers temps du cinéma (Franju vouait aussi un culte à Feuillade, auquel il rendit hommage en refaisant Judex) n'est pas que tournée vers les aspects les plus flamboyants de la personnalité exubérante du premier de tous les cinéastes narratifs. L'histoire de Méliès a toujours été triste, faite de mauvais choix, de malchance, et de mauvais timing, en plus d'oubli, autant que de génie, de prédisposition, de facultés créatrices unique et trop en avance... Le film le trahit sans cesse, dès les premiers plans qui captent une pluie insistante d'un maussade jour d'automne avant de nous montrer l'appartement des Méliès: au mur, les différences de couleur d'un papier peint défraîchi trahissent les tableaux qu'il a fallu vendre pour survivre... 

Mais ce qu'on retiendra, c'est cette malice de Méliès, qui apparaît tant dans ses films. C'est la description respectueuse et experte des trucages qui s'accomplissent sous nos yeux, par quelqu'un qui était là pour témoigner de leur invention. C'est le cinéma de Méliès, même réduit à peau de chagrin (il restait très peu de films en 1953, et on ne les avait pas encore vraiment restaurés), qui garde son entêtante santé, sa bonne humeur communicative et sa patte éminemment graphique, tant d'années après.

 

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Published by François Massarelli - dans Georges Franju Méliès