Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:10

Le vieux Dr Fitzpatrick (Joseph Cotten) retrouve l'ancienne femme de sa vie (mais qu'il n'a jamais pu séduire) Lydia MacMillan (Merle Oberon); afin de lui donner un dernier acte d'amour, il l'invite à participer à une réunion à laquelle il convie les hommes qui ont compté dans sa vie: outre l'éternel outsider Fitzpatrick, il y a Bob, l'ancien athlète (George Reeves) qu'elle a été à deux doigts d'épouser, et Frank, le musicien aveugle (Hans Jaray). Ne manque finalement à l'appel que Richard (Alan Marshal), avec lequel elle a vraiment filé le parfait amour, mais il lui a glissé entre les doigts...

C'est un remake de Carnet de Bal, qui accumulait pour Marie Bell les anecdotes liées à d'anciens soupirants. Un prétexte à faire défiler les numéros d'acteurs et les vedettes, avec Fernandel, Blanchar, Jouvet, Baur ou encore Raimu, ainsi que l'éternelle endive qu'était Pierre-Richard Willm... Tout remake est par essence inutile, mais tout film l'étant finalement autant, ne boudons pas cette occasion de nous intéresser à un Duvivier Américain (ou Américano-Britannique, car ce film situé à Boston est une production Korda), forcément différent...

Différent pour commencer parce que le script co-signé par Ben Hecht évite le côté systématique, chapitre après chapitre, du film original tout en réduisant le nombre de vedettes masculines, et donc de sketches. Le scénario permet donc de naviguer chronologiquement dans les souvenirs de Lydia, en passant d'une histoire d'amour à l'autre, mais avec toujours, ça et là, les autres, et principalement Joseph Cotten, qui permettent au film d'avoir une narration plus fluide. Le style aussi est plus cohérent, plus uni: on évite les ruptures d'une histoire à l'autre qui pouvaient avoir des effets conséquents sur le film Français. A ce titre, la photographie de Lee Garmes est impressionnante, et justifie pleinement un crédit de producteur associé au début du film... 

Le style de Duvivier, on le sait bien, apparaît dans la flamboyance d'un environnement, dans l'utilisation toujours discrète mais décisive de mouvements de caméra, et dans une implantation des personnages et des scènes dans un décor. Le montage est une commodité qu'il a tendance à faire oublier... C'est ici à un raffinement de cette méthode que nous sommes confrontés, et comme c'est particulièrement noir et comme l'interprétation, en particulier de Merle Oberon, est formidable, on jurerait presque qu'on est face à un chef d'oeuvre...

Et pourtant non, car quels que soient les défauts du film initial, et notamment l'interprétation plus que médiocre de son interprète principale, le charme assez étrange de Carnet de Bal ne trouve pas dans ce film excessivement policé, un équivalent suffisant pour qu'on l'oblitère. Il est des paradoxes qu'on ne peut que mystérieusement qualifier de cinématographiques: c'est la magie du septième art...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier