J'ai dit ailleurs que Little Chrysia, l'actrice qui jouait Cunégonde, était d'une "plastique peu avantageuse", ce qui peut paraître comme de la goujaterie. Mais en l'occurrence, c'était généralement un atout intéressant (et plus près de nous, comment ne pas évoquer le cas d'un Rossy de Palma, ou la trogne de Dominique Pinon?) pour des acteurs et actrices, que de sortir du moule justement... Et c'est un peu le sujet de ce film, mais pas sur le physique, non: sur le vêtement, et la façon dont il influence le comportement. C'est un élément essentiel, un rouage fondamental de la comédie.
Cunégonde est donc seule dans la maison de sa maîtresse et décide de profiter de l'aubaine pour lui emprunter une tenue. Déguisée en "femme du monde", elle sort et séduit un homme avenant, apparemment de la haute lui aussi. Sauf que c'est un domestique déguisé, comme elle...
Un acteur déguisé dans la comédie, c'est la porte ouverte à une foule de choses... C'est Some like it hot, c'est (parfois) Chaplin, c'est Peter Sellers, bref: c'est drôle. Mais quand la transformation semble s'accomplir en profondeur (ce qui est par exemple le cas de Jerry/Daphne dans Some like it hot), c'est du grand art... Et Little Chrysia n'a aucun mal à être convaincante quand elle se glisse dans la peau d'une Cunégonde qui elle même se glisse dans la peau d'une grande dame et est convaincante! Bref... c'est vertigineux.