Une famille arrive dans un appartement qu'ils ont loué en Californie, et leur objectif évident, c'est de sortir et de profiter d'un parc d'attractions très proche... Mais il pleut, alors ils vont prendre leur mal en patience: ce sera dur, très dur, pour les parents qui doivent supporter des enfants enfermés et frustrés, et fortement destructeurs; pour toute la famille, l'attente sera insupportable, et la déconvenue de toute tentative de sortie sera à la hauteur de cette attente, justement. Et comme le voisin immédiat joue du piano toute la journée, les nerfs seront vite à fleur de peau...
Etrange film, vraiment... D'une part parce qu'il promet quelque chose qui n'arrivera jamais, et semble raconter une autre histoire que celle permise par la comédie. L'isolement, l'enfermement de cette famille dont tous les membres finissent par devenir agressifs les uns envers les autres pourraient vite devenir des métaphores de la condition humaine si on n'y prenait garde. Mais comme avec Buster Keaton, dont l'humour très noir a souvent poussé les intellectuels à en rajouter plus que de raison, le style de Lupino Lane est plus physique et absurde, que métaphysique et surréaliste. Il conditionne d'ailleurs tout son film à un pétage de plombs qui passe par un certain nombre de défenestrations!
Mais comme avec Keaton, justement, parfois le rire stoppe, et la fascination un poil morbide pour cette impressionnante mécanique humaine qu'est l'acteur-acrobate et ses gags de précision chorégraphiés prend le dessus. Incidemment, pour l'avoir expérimenté, je dois dire que voir ce film le même jour qu'Un chien andalou et Delicatessen est particulièrement approprié! Et c'est pourtant un hasard total.