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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 19:08

Lane Bellamy (Joan Crawford), une jeune femme dans la galère, fait partie d'un spectacle ambulant (elle est danseuse du ventre), qui est tombé dans le collimateur de la police locale d'un petit patelin. Mais quand tout le cirque s'en va pour échapper au shériff (Sidney Greenstreet), elle reste, et rencontre l'adjoint du shériff, Field Carlysle. Le coup de foudre est immédiat... Mais le shériff veille: il a en effet décidé que son adjoint serait l'homme fort officiel du conté, et pense que la jeune femme est une mauvaise influence sur lui: Lane Bellamy d'un côté, Titus Semple de l'autre, un combat de titans a commencé...

C'est sûr qu'il est impossible de ne pas penser à Mildred Pierce: deux films nois de la Warner, deux femmes fortes en butte à la malignité et l'obsession de contrôle des hommes, deux fois Michael Curtiz et deux fois Joan Crawford... C'est pourtant un film bien différent, qui commence d'ailleurs au plus bas, par une voix off qui semble énoncer une évidence: Lane Bellamy nous présente le microcosme de la ville de Boldon, comme elle présenterait certainement n'importe quelle petite communauté: elle montre qu'il y a le bas, et Flamingo Road, soit l'idéal à atteindre, avec vue imprenable sur le paradis; puis elle nous montre les lieu sordides, et finit par la foire: et là, Michael Curtiz nous montre cet univers d'un plan si typique de son style: un long plan, avec balayage latéral, et au milieu de toute cette figuration, presque invisible parmi d'autres danseuses, Joan Crawford prend son mal en patience sur une estrade. C'est une formidable entrée en matière, entre fatalisme, et ironie plus que narquoise...

A travers le film, la cible, c'est une certaine façon de mener les choses, dans les petites villes, avec comme seul patron, un shériff despotique, une araignée qui a tout le monde dans ses filets, et qui ne se gênera jamais pour systématiquement avancer ses pions, car il ne roule que pour lui-même. Mais qu'une femme se dresse sur son chemin, c'est la goutte d'eau. Les acteurs, Greenstreet et Crawford en tête, sont splendides, et de fait aucun personnage ne leur arrive à la cheville: ce n'est pas un hasard.

La mise en scène de ce pamphlet (qui arrive 4 ans après la fin d'une guerre, comme pour rappeler que le fascisme peut parfois prendre des formes plus larvées) est impeccable, et pour cause, Curtiz, même si on lui a cette fois fourni clé en mains une histoire édifiante de bruit et de fureur mais qui se terinera bien, est dans son élément, le noir le plus profond, avec mensonges, carrières sordides, politiques pourrie, et cadavres. Et pas que dans le placard... Baroque, le film est non seulement dans la lignée de son "grand frère" plus connu, mais aussi proche de The unsuspected, le grand film maudit du Curtiz des années 40. Noir comme de l'encre...

 

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Noir