Julie part dans la vie sur les chapeaux de roue, se lançant dans des études de médecine... puis de psychologie... avant de bifurquer vers la photographie, et de se rendre compte qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut. Elle rencontre un homme qui a plus de treize ans qu'elle, est dessinateur de bande dessinée (un peu décalée, voir provocante). Lui voudrait un enfant, elle non. Puis un jour elle va prendre une décision impulsive mais décisive, radicale, et...
C'est un grand rôle pour l'actrice Renate Reinsve, c'est vrai, et elle illumine une bonne partie du film, qui reste bavard, un défaut que j'avais souligné pour Oslo, 31 Août... Mais l'idée d'axer le film sur la vie et les choix parfois contestables du personnage, l'utilisation d'une voix off qui cristallise une sorte de fausse objectivité (ce pourrait tout à fait être une version ironique de Julie elle-même), et quelques irrésistibles embardées maintiennent l'intérêt. Mes moments préférés? D'une part, la rencontre avec Eivind, le garçon pour lequel Julie va plaquer Aksel, et passer d'une vie en compagnie d'un artiste, à une vie entre débrouille et petits boulots sans avenir (elle bosse dans une librairie, il est barman); pourtant la rencontre entre les deux est un moment intense de vie et d'illumination... ensuite, une expérience désastreuse et comique avec des champignons hallucinogène, où Trier joue avec le cadre, le style, le rythme et se permet même de se livrer à quelques séquences d'animation.
Mais surtout, il y a une scène d'amour anthologique, lorsque Julie arrête le temps quand elle est avec Aksel, pour se rendre au bar où travaille Eivind. Elle court, mais aucun besoin de se presser pourtant, le temps est bel et bien arrêté, tous les gens qu'elle croise sont comme suspendus en plein mouvement. Rien que ça aide à aimer le film, qui se terminera après un décès et une résignation, par un constat simple: dans la vie, tout passe...
Oui, je tiens à le dire, sinon: mais qu'est-ce que c'est que cette manie, dès qu'on sort du cadre d'un film d'action (c'est-à-dire con), de super-héros (c'est-à-dire très con), ou d'un western, ou d'un quelconque genre très marqué, de le vendre en prétendant que c'est une comédie décalée? Si ça c'est une comédie, je suis Winston Churchill en kimono.