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21 août 2023 1 21 /08 /août /2023 09:11

Abel (Louis Garrel) apprend que sa mère Sylvie (Anouk Grinberg), qui travaille en tant qu'animatrice d'ateliers de théâtre pour détenus, a encore entamé une liaison avec un prisonnier, Michel (Roschdy Zem). Il se méfie, parce qu'il sait qu'à chaque fois ça se goupille bien mal... Mais Sylvie s'accroche, elle se marie, et Michel est libéré. Il se dit rangé, et la tentative de séduction du fils méfiant commence... De son côté, Abel est veuf: il vit dans le douloureux souvenir de son épouse, et sa vie sentimentale est au point mort... Tout comme celle de son amie Clémence (Noémie Merlant): les deux ont une vision différente des choses, et sont très proches... Beaucoup plus proches d'ailleurs qu'ils ne l'admettent tous deux!

Michel a des secrets, Abel s'en rend vite compte. Il constate très vite qu'en réalité il n'est pas rangé du tout, et avec des copains, il prépare un coup: le vol de caviar, un hold-up à l'ancienne qui est réglé dans ses moindres détails, mais nécessite une participation musclée! Prévoyant de tout faire pour empêcher son beau-père, voire de le confronter, Abel va se retrouver à participer à l'équipée, avec Clémence ravie de tremper dans une affaire louche et risquée...

La comédie sentimentale est l'un des genres les plus balisés, calibrés, gâché par les clichés et passages obligés qui soient... Donc on se réjouit d'en trouver un, basé sur un script intelligent (Louis Garrel, Tanguy Viel et pour une perspective féminine, Naïla Guiguet), qui échappe à tous les clichés... Du moins ceux qui irritent à partir de la deuxième vision d'un Love actually, par exemple! Pour commencer, ici, aucun parcours lénifiant dans lequel tous les personnages tombent à la fin dans des cases parfaitement pré-définies... Pas non plus de résolution artificielle, le parcours est bien là, mais on n'ira pas de A à Z. Et surtout le décalage nait non pas d'une quelconque vulgarité assumée comme c'est si souvent la cas dans ce genre de film, mais du fait que les personnages changent naturellemùent de parcours... 

Par exemple, la façon dont Roschdy Zem embobine son monde, et en particulier ce pauvre Abel, est amusante et va provoquer non seulement sur le jeune homme, mais aussi sur Clémence, bien des déboires. Les scènes qui s'emballent et en particulier le hold-up (traité en parodie dans un premier temps, avec des split-screens pour bien faire!) sont extrêmement rigoureuses, et un vrai suspense s'installe...

Mais le clou, c'est qu'au milieu de tout ça, derrière la mère envahissante (Anouk Grinberg au sommet de son art, l'âge assumé lui va si bien) et son amour incongru (mais totalement sincère) pour un repris de justice incorrigible, derrière la séduction mâle du taulard, se cache une belle histoire d'amour irrésistible et un peu inattendue, qui doit passer par un peu de théâtre: afin de détourner l'attention du convoyeur de caviar, les deux amis doivent faire semblant d'être un couple qui se déchire... Mais le théâtre va leur révéler leurs vrais sentiments, dans un détournement touchant d'une parodie de scène d'amour qui en devient une vraie. Il fallait le faire...

Le flm pour finir est ponctué de scènes tournées dans un aquarium (Oceanopolis de Brest, me semble-t-il; c'est là que travaillent Abel, qui est guide, et Clémence, qui soigne les poissons) qui semblent fournir un contrepoint à cette histoire hantée par le risque de l'enfermement... Un enfermement qui sera d'ailleurs bien réel...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie