Dans les années 1860, la famille March, du nom du pasteur qui est le chef de famille comme on disait alors, la mère (Laura Dern) et les quatre filles doivent faire face à l'absence du père, aumonier militaire retenu sur le front de la Guerre Civile... Les quatre filles sont toutes bien différentes: la plus âgée, Meg (Emma Watson), ne jure que par un destin de femme mariée, selon son rang bien évidemment; Josephine, dite Jo (Saoirse Ronan), se destine à une carrière d'autrice; elle écrit et met en scène des spectacles qui mettent en valeur toutes ses soeurs, pour le bénéfice de sa famille et de leurs amis elle dit à qui veut l'entendre qu'elle ne se mariera jamais; Amy (Florence Pugh) hésite ntre l'influence de Meg, et la tentation du mariage, et l'influence de Jo (avec laquelle elle se chamaille constamment), elle a un intérêt pour la peinture; enfin, Beth (Eliza Scanlen), la plus fragile, est pianiste, de tempérament constant, et hélas bien malade. Au point qu'il faut souvent s'inquiéter pour elle... Deux jeunes hommes vont graviter autour de la famille et en particulier autour de Jo et Amy: un voisin, Theodore "Laurie" Laawrence (Timothée Chalamet), qui est attiré par Jo mais fait beaucoup d'effet sur sa jeune soeur, et plus tard dans le récit, Friedrich (Louis Garrel), un précepteur Européen que Jo rencontrera à New York...
"Plus tard dans le récit"... J'admets, j'ai triché: on rencontrera Friendrich avant les trois soeurs de Jo, car le récit est ancré en 1868, alors que Jo est devenue enseignante et qu'elle cherche à placer des nouvelles et un roman. Le film est raconté en flash-backs et flash-forwards, ce qui est peut-être une concession à la modernité (car il faut bien dire qu'en matière de nouveauté, cette histoire a du plomb dans l'aile!), mais permet surtout à Greta Gerwig, totalement et seule responsable de l'adaptation du roman de Louisa May Alcott, de mettre en valeur ce qu'elle y a perçu: une fratrie (vous avez remarqué? c'est ce mot qui est utilisé, que les enfants d'un ménage soient mixtes, tous mâles ou tous femelles, ou quelle que soit leur identité) de quatre jeunes femmes qui toutes vont illustrer les choix envisageables d'une femme ou d'une future femme du XIXe siècle... Y compris le décès pour l'une d'entre elles. La chronologie est bouleversée, afin de brouiller les pistes et de laisser à chaque destin un angle pour s'accomplir, sans pour autant avoir le même suspense morbide que le roman et ses adaptations (combien de lecteurs et lectrices, de spectateurs des 6 autres films, ont-ils été traumatisés par le décès de Beth?
En procédant de cette façon et en encadrant le récit de deux scènes qui sont un écho de la réalité (Louisa May Alcott a clairement basé son roman sur l'histoire de sa famille), lorsque Jo tente de placer sa première nouvelle et en voit acceptée la publication, et la fin qui voit le roman publié et Jo débattre du destin de son héroïne principale (c'est à dire d'elle-même), l'accent est mis précisément sur le livre lui-même. Celui-ci, entre le destin contrarié de la petite Beth, le mariage de Meg, qui ne sera ni riche ni de tout repos, et les amours contrariées d'Amy, représente le plus grand succès des "little women" de la famille March... Et l'ensemble des péripéties, entre les provocations de Jo, son désir de secouer ses soeurs (qui toutes l'adorent) et les tentations sentimentales, glisse un message tendrement féministe. ...A sa façon, bien sûr.
Le film se glisse donc plutôt bien dans la carrière atypique de cette réalisatrice (et actrice) qui, après avoir participé en scénariste, actrice et réalisatrice à des projets "indépendants" et souvent fauchés, voire expérimentaux, a obtenu un succès non négligeable et mérité avec Ladybird, oùelle dirigeait pour la première fois timothée Chalamet et Saoirse Ronan, pour un de ses derniers rôles d'adolescente. Un film personnel, une comédie aussi, mais qui recélait des aspects de plus grande gravité... Mais elle l'a voulue, son adaptation de ce classique, puisqu'elle avait commencé à y travailler dès avant Ladybird... Un parcours de femme et d'autrice dont la dernière étape est actuellement Barbie.
Une scène fait écho aussi à la principale différence entre Jo et Louisa May Alcott elle-même... L'éditeur se demande "pourquoi Jo ne se marie-t-elle pas?", ce à quoi la vraie Jo répond qu'elle ne l'a jamais souhaité et le dit constamment... Mais l'éditeur insiste... Une façon comme une autre pour Gerwig de replacer l'autrice du livre devant des "choix" qui lui auront sans doute été imposés avec insistance, lors de la publicationn de son roman, en 1868... Preuve aussi que décidément, pour l'égalité, il y avait du travail.
N'empêche, Louisa May Alcott a tenu bon: pas pour son personnage, qui a du se marier. Non, elle en revanche, a toujours fait l'impasse... Le film pour sa part se glisse donc plutôt bien dans la carrière atypique de cette réalisatrice (et actrice) qui, après avoir participé en scénariste, actrice et réalisatrice à des projets "indépendants" et souvent fauchés, voire expérimentaux, a obtenu un succès non négligeable et mérité avec Ladybird, oùelle dirigeait pour la première fois timothée Chalamet et Saoirse Ronan, pour un de ses derniers rôles d'adolescente. Un film personnel, une comédie aussi, mais qui recélait des aspects de plus grande gravité... Mais elle l'a voulue, son adaptation de ce classique, puisqu'elle avait commencé à y travailler dès avant Ladybird... Un parcours de femme et d'autrice dont la dernière étape est actuellement Barbie.