Tatsu (Sessue Hayakawa) est un homme semi-sauvage, qui vit dans une sorte de rêve éveillé depuis des années, dans la montagne. Il est obsédé par une princesse qui lui serait promise, kidnappée par un dragon, et tant qu'elle ne lui revient pas il s'obstine à dessiner encore et toujours des images de dragon... Ses dessins parviennent sous les yeux d'Indara (Edward Peil) un peintre génial et reconnu, qui cherche à passer le flambeau. Il reconnait dans les oeuvres de Tatsu la patte d'un successeur, et le fait venir... Mais pour obtenir quoique ce soit de lui, il va devoir faire passer sa fille Umé-Ko (Tsuru Aoki) pour la princesse...
C'est un des films réalisés à Hollywood autour de Sessue Hayakawa, un acteur Japonais qui avait été engag par Thomas Ince, et autour duquel un culte s'était construit. Mais ce film, contrairement à beaucoup d'autres (en particulier ceux de Ince, justement), a l'avantage delaisser l'acteur composer un personnage qui puisse évoluer dans un cadre Japonais...
Sa fréquente partenaire Tsuru Aoki était venue à la fin de la première décennie aux Etats-Unis, après avoir été découverte par David Belasco. Si le troisième rôle le plus important était tenu par un acteur Anglo-saxon dévolu aux rôles orientaux (il interprète Evil Eye dans Broken Blossoms de Griffith par exemple), on remarque que le Japon "Californien" qui nous est présenté bénéficie grandement de sa distribution où les acteurs Nippons dominent...
Le film est d'ailleurs assez étrange, il ne ressemble pas tant qu'on aurait pu le croire à un film Américain, derrière son aspect de conte philosophique... Mesuré, mais quand même suffisamment excentrique pour trancher sérieusement sur la production ambiante. La narration est un peu lente, mais le film ne cherche pas à éviter d'apparaître extravagant, en étant même grâce au décalage entre la brutalité enfantine de Tatsu et les manières policées d'Indara, presque comique par endroits... Le drame pointe quand même le bout de son nez, avant un happy-ending inévitable...
Et pour finir, on ne s'étonnera pas que le film soit très décoratif, profitant pleinement de montagnes parfois allègrement peintes, et parfois de vues plus authentiques... mais Californiennes.