1831, à Edimbourg, le Docteyr Mac Farlane (Henry Daniell) est un excellent anatomiste, mais un médecin sec... Il enseigne et l'un de ses étudiants les plus prometteurs, Donald Fettes (Russell Wade) lui fait comprendre qu'il ne pourra continuer ses études, car il n'a pas les moyens. Il est donc engagé par Mac Farlane, afin de l'assister...
Les deux hommes doivent s'occuper d'une petite fille, Georgina; elle est atteinte d'une tumeur qui presse sur la colonne vertébrale et l'empêche de marcher. Mais Mac Farlane refuse de l'opérer, car il considère n'en avoir pas le temps. Intrigué, Fettes (qui aspire à aider Georgina et sa charmante maman) découvre la présence occasionnelle, dans le sillage de Mac Farlane,du cocher Gray (Boris Karloff), un personnage hautement inquiétant, qui lui fournit des cadavres pour son école d'anatomie: la provenance en est douteuse... Un soir, Gray fournit le cadavre d'une jeune femme que Fettes a aperçue le jour même...
C'est l'adaptation d'une nouvelle de 1884 de Robert Louis Stevenson, l'auteur immortel de L'étrange affaire du Dr Jekyll et de Mr Hyde... et le film justement joue énormément la carte d'un lien trouble et morbide qui unit le dangereux et diabolique Gray, et le bon docteur Mac Farlane, foncièrement un brave homme avec une morale saine, mais qui est tombé dans les griffes d'un criminel... Et de l'autre côté, bien sûr, l'influence de Gray sur Mac Farlane va forcément déborder vers Fettes, qui lui aussi, comme Mac Farlane, aspire au bien, mais sait qu'ils ont tous les deux besoin de la fourniture de cadavres...
Le film est typique de la production de Val Lewton: à la fois économique et produit avec astuce, et d'une profonde richesse visuelle et thématique. Un modèle de film fantastique, matiné comme l'était déjà The leopard man de Tourneur, de film noir. Wise, qui venait de passer à la mise en scène après avoir été un monteur doué, maîtrise admirablement l'économie particulière de ce cinéma nocturne, qui fonctionne sur beaucoup d'illusions, beaucoup de suggestion et quasiment aucune démonstration. Et comme la distribution dispose de deux atouts de poids (non seulement Karloff, génial et inquiétant à souhait, dans son rôle probablement le plus diabolique de toute sa carrière, mais aussi Lugosi dans un personnage secondaire et inattendu, la réussite de ce film est absolument indéniable...