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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 10:21

 

A serious man marque une grande première chez les Coen. Le film est le premier à raconter une histoire dans laquelle leurs racines Juives sont au premier plan, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas fait les choses à moitié, depuis le prologue en forme d'histoire Juive issue de l'inconscient collectif : Un couple marié, au XIXe siècle, se dispute autour de l'authenticité de la mort d'un voisin, avant que celui-ci ne frappe à la porte. Pour prouver sa théorie (Elle affirme qu'il est bien mort), l'épouse le poignarde, et "il ne se sent pas très bien". On n'en saura pas plus, sauf que la poisse satirique qui enveloppe l'anecdote va pour le reste du film rejaillir sur Larry Gopnik, un professeur d'université qui en cette année 1967, vit dans le Minnesota, au sein d'une communauté Juive qu'on ne quitte jamais de tout le film, et tout, depuis les coutumes (Le film est rythmé par l'approche d'une bar-mitsva) jusqu'au langage (Truffé de mots dont tout le monde semble comprendre le sens, sans qu'un non-initié ne s'y perde vraiment), confère à ce film réjouissant un parfum à la fois respectueux et auto-caricatural qui n'étonnera que ceux qui découvrent les Coen. Tout comme pour leurs autres films d'époque, Miller's crossing, Barton Fink, The Hudsucker proxy, O Brother where art thou ou The man who wasn't there, la maniaquerie de la reconstitution d'un monde est un présupposé indispensable aux Coen pour imposer leur vision, rigolarde et décalée.

Larry Gopnik, comme d'autres héros des frères Coen avant lui, a donc la poisse; qu'on en juge: il voit une famille Coréenne le menacer de poursuites judiciaires s'il n'accepte pas leur tentative de corruption afin de remonter les notes de Clive, leur rejeton; son fils lui pique des sous pour s'acheter des disques, voire des produits doucement illicites (Danny, le jeune fils dont la bar-mitsva approche, est l'un des seuls liens de ce film sis en 1967 avec le 'summer of love': il fume des joints, et il écoute du Santana et du Jefferson airplane); sa fille ne met plus les pieds à l'école, son frère invalide est obligé de rester avec eux, mais va leur attirer des ennuis en jouant sans réserves et en allant lutiner des filles dans le Dakota du nord (A Fargo, peut-être?)... Quant à son épouse, elle souhaite vivre avec un autre, et celui-ci passe son temps à prendre Larry dans ses bras pour noyer le poisson... D'où un doute sérieux et récurrent quant à son destin personnel, qui le pousse à consulter rabbin sur rabbin. Mais Larry aurait du le savoir: sa crise de la quarantaine, aussi bien active (Un moment, il a une tentation d'adultère) que passive (il en prend plein la figure), n'est rien qu'une marque communautaire: la poisse, il la partage, comme le prouve le nombre de morts soudaines et accidentelles sur son passage... le final est sans ambiguïté; alors que les nuages de la crise conjugale semblent s'éloigner, que le fils a bien, en dépit de son état second, assumé sa bar-mitsva et reçoit les félicitations de toute la communauté, les ennuis reviennent: une radiographie passée au début du film a semble-t-il des révélations à faire, le cabinet d'avocat consulté réclame des honoraires exorbitants, et une vraie tempête, Midwest-style, menace au loin...

Malgré tout cela, ultime trait d'humour noir, le générique annonce fièrement à la fin qu' "Aucun Juif n'a été maltraité durant le tournage"...

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Published by François Massarelli - dans Joel & Ethan Coen Comédie