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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 20:36

12 ans après son Titanic, le dernier film en date de Cameron a été, une fois de plus, un succès planétaire gigantesque, pour un cinéaste qui revient de loin: épuisé par le tournage de son épopée maritime, il avait annoncé son intention d’abandonner le cinéma. On se réjouit, bien sur, de son retour, même si il convient d’aborder avec des pincettes ce film gargantuesque, sur lequel on a beaucoup dit de stupidités: pour commencer, non, Avatar n’est pas une parabole escapiste sur l’importance des jeux vidéo, même si le film se nourrit de l’étrange manie qu’un certain nombre d’humanoïdes ont de vouloir à tout prix voir le monde au bout de manettes. Le film n’est pas non plus un manifeste écologique, ça, c’est juste l’air du temps. Mais ce qui est sur, c’est que ce nouveau long métrage est bien, à 100%, un film de James Cameron. La preuve, il est bleu.

Une fois de plus, le metteur en scène-ingénieur commente à sa façon, diablement pessimiste, la façon dont l’homme avance. Après l’avoir souvent fait sous forme d’une science fiction à la Philip K. Dick, ou à la Ridley Scott (The Terminator, Aliens, Terminator 2, la série Dark Angel), après avoir placé ses personnages en face d’une science contemporaine mais hasardeuse (Piranhas 2, The abyss) ou avoir flirté avec la technologie dans tous ses aspects quotidiens (True lies), et laissé libre cours à sa passion pour l’un des plus beaux désastres technologiques du 20e siècle (Ghosts of the abyss, Titanic), Cameron voit une fois de plus dans un avenir proche dont les obsessions sont celles du notre (Soif de domination économique, expansionnisme) , et nous montre l’homme cherchant à étendre son champ d’action, et les catastrophes qui s’ensuivent, puisque cet imbécile est infichu de respecter les environnements qui l’accueillent. Ses obsessions technologiques refont bien surface, avec en particulier l’exosquelette, déjà présent dans Aliens, et à des degrés divers dans The abyss, et dans le documentaire Ghosts of the abyss. Le fait de prolonger le corps, un motif constant chez Cameron (Aliens, Abyss, les deux Terminator) va ici jusqu’à rendre ce dernier jetable. Et le prolongement de l’homme trouve en un réceptacle organique un nouveau développement de l’obsession de Cameron de dépasser les limites humaines, qui sont le fondement de The Terminator, mais aussi de The Abyss: Mary-Elizabeth Mastrantonio ne propose-t-elle pas à Ed Harris de mourir pour leur permettre à tous deux de rentrer à la base, alors qu’il n’ont d’oxygène que pour un ? Avec Avatar, Cameron semble aussi montrer de la plus belle façon sa passion pour le gigantisme, et sa fascination doublée de répulsion pour les extrêmes de la science, et pour les militaires.

Mais on notera que pour Cameron, comme pour un DeMille, il n’est de bonne histoire que si elle est simple, et si on a vite fait le tour des personnages… Et à ce niveau-là, il fait très fort, aucun des personnages de Avatar n’a de réelle profondeur psychologique. On est donc clairement en pleine épopée symbolique. C’est dommage, mais ça ne dessert en rien le spectacle : une fois de plus, c’est beau, très beau, et le monde re-créé par Cameron a ceci de commun avec les mondes des grands concepteurs-recréateurs d’univers que sont Kubrick ou Scott : il est parfaitement cohérent, et on a envie d’y vivre, ceci expliquant forcément le succès du film, bien plus que son histoire.

Pour finir, on dit, avec de très gros sabots, dans ce film, que les militaires sont des abrutis, tous juste bons à tout casser : on ne peut que lui donner raison.

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Published by François Massarelli - dans James Cameron Science-fiction