L'ouverture du film se fait sur un générique très classique, dans lequel des images d'immigrants, de toutes origines, se succèdent. Une façon comme une autre de situer le film dans l'histoire de la vraie Amérique, celle de ses migrants éternels... Malick commence donc sa narration par un épisode urbain et industriel, qui ne cadre semble-t-il pas trop avec le reste du film, situé dans un univers rural, lyrique et pastoral... Mais pour y accéder, les héros prennent le train. Premier élément du film qui apporte l'idée d'un viol de la nature, une idée qu'on retrouvera très fortement dans les deux films suivants de Malick, The thin red line (1998) et The new World (2005)
Le train est en effet l'une des machines qu'on va voir s'aventurer dans la nature pour y apporter la destruction in fine... D'autres inventions aperçues dans le film, sont bien sur deux avions, et un tracteur, d'ailleurs conduit par Malick lui-même sur les cendres d'une moisson qui s'avérait prometteuse.
Les héros, Bill (Richard Gere) et Abby (Brooke Adams), flanqué de la soeur de Bill, Linda (Linda Manz, qui assure la narration du film) sont en fuite: Bill a tué un contremaitre dans son usine à Chicago, ils ont donc rejoint les travailleurs saisonniers qui se rendent au Texas pour participer aux travaux des champs. Afin de ne pas trop attirer l'attention, ils se sont fait passer pour frère et soeur... Un petit mensonge, lourd de conséquences...
Le propriétaire de la ferme (Sam Shepard), qui ne sera jamais nommé, a vite repéré Abby, dont il souhaite faire plus ample connaissance. Bill persuade la jeune femme de se sacrifier pour le bien commun, d'autant qu'il a surpris une conversation entre le fermier et le médecin, celui-ci donnant à peine un an à vivre au jeune homme atteint d'une maladie incurable. Il vit pour l'instant seul dans une maison récente, construction fantastique au milieu d'une mer de blé...
Le but de Bill n'est jamais très clair, mais on peut supposer qu'il s'agit de gagner du temps. Quoi qu'il en soit, le plan s'avère vite compliqué, puisque le fermier avoue son amour à Abby, et lui propose le mariage... La jeune femme s'en remet à son amant; celui-ci lui conseille d'accepter, toujours sous le prétexte que le propriétaire en a normalement pour peu de temps.
Mais le mariage aura un effet salutaire sur le fermier, qui cesse alors de décliner. par contre la jalousie de Bill se manifeste de plus en plus vivement, et pour corser le tout, Abby tombe manifestement amoureuse de lui... Le jours heureux de Abby et Linda à la ferme sont vite ternis par des accès de mauvaise humeur, puis par les soupçons du mari. Bill prend donc la décision de partir, laissant les deux jeunes femmes reprendre le fil de leur vie paradisiaque... Lorsqu'il revient, la querelle sous-jacente refait son apparition, et lors d'une attaque monumentale de sauterelles, le fermier attaque son rival, entrainant un incendie de la récolte. Le lendemain, une noucelle altercation débouche sur un coup mortel porté au propriétaire: Bill doit fuir, et emporte les deux femmes avec lui...
Le reste est évident, ce genre de cavale ne peut finir bien... Mais ce qui frappe, dans cette saga de déimensions raisonnables, c'est bien sur l'incroyable beauté des images, dues principalement au génie de Nestor Almendros... Idéales pour laisser Malick conter à sa façon une histoire de court moment de nirvana dans la vie de quelques personnes, ou comment l'homme se saisissant de la nature entraine forcément sa detrsuction, par la machine, l'avidité, la violence (The thin red line), ou tout simplement le "progrès" (The new world). Le tout conté de façon poétique, sans rien imposer au spectateur, en limitant les échanges verbaux au minimum, et en privilégiant l'impression que chaque image est un moment à vivre, et non une étape dans une construction chronologique.Avec sa narration détachée de façon si séduisante des images sublimes qu'elle accompagne, Days of heaven, deuxième film de Malick, est la matrice d'un style unique, à vivre et revivre.