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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 10:58

 

  

Situé entre les débuts westerniens de DeMille et la consécration de The Cheat, Carmen (Scénarisé par le grand frère, William C.) est un film de prestige, l’une de ces œuvres qui ont contribué à établir la réputation du metteur en scène et celle de la Paramount. De plus, le rôle titre est joué par Geraldine Farrar, la première star DeMillienne. La présence d’une cantatrice dans un film muet, à plus forte raison inspiré de l’art lyrique peut faire sourire aujourd’hui, mais en fondant leurs films de prestige sur la personnalité très « médiatique », comme on ne disait pas encore, de Geraldine Farrar, le metteur en scène et le studio pouvaient attirer les spectateurs et rivaliser avec la Fox, qui lançait Theda Bara à l’époque, tout en basant leur star sur des éléments plus sérieux que le flou artistique qui présidait à la vie publique de la star de Cleopatra. D’ailleurs, Bara a joué dans un Carmen (Raoul Walsh) à la même époque, ce qui tendrait à prouver qu’il n’y a rien de farfelu à imaginer une rude concurrence entre les deux firmes…

 

Sur l’argument du film, il faut sans doute rappeler que, contrairement à Feyder qui en 1926, basera son Carmen sur la nouvelle de Mérimée et portera ses efforts sur la dimension romanesque et épique de l’anecdote, DeMille (Et sans doute Walsh, dont le film apparemment perdu créditait toutefois la nouvelle sans référence à l’œuvre de Bizet) choisit de flatter le public populaire et de broder autour de Bizet. De fait, son film va au plus court et, en 56 minutes (Dans la copie visionnée) accumule autant de péripéties et de morceaux de bravoures, incluant tous ceux que l’on attend. Le résultat est constamment plaisant à défaut d’être génial, et par quelques fulgurances, le metteur en scène se rappelle à notre bon souvenir: le cadre est toujours parfaitement composé, et la Paramount n’a pas lésiné sur les moyens pour le remplir; la topographie californienne sert habilement de cadre à cette histoire de dupes, de gendarmes et de voleurs, et toux ceux (Et nous sommes certainement nombreux) qui ont vu la parodie de Chaplin tournée dans la foulée, retrouveront avec plaisir les mêmes falaises dans le décor, avec quasiment les mêmes voleurs dans le cadre… Certaines scènes-clé semblent hélas bâclées, le réalisateur cédant à mon sens à la tentation de laisser les plans parler d’eux-mêmes, et d’illustrer plus que d’interpréter, ce qui débouche sur un manque d’implication. Un peu de montage n’aurait pas nui à la fameuse bagarre entre cigarières par exemple; mais dans l’ensemble, le film est d’une grande clarté, et il y a des moments vraiment inspirés: le choix de cadrer Geraldine Farrar et Wallace Reid (Don José, moins drôle que le Don Hosiery de Chaplin, hélas) dans des plans assez rapprochés permet à DeMille de favoriser ses stars (Famous Players in Famous Plays, disait le slogan de la Paramount) et de construire une tension jusqu'au meurtre final, filmé à l’économie (Deux plans) mais parfaitement efficace: José lève son couteau, et DeMille coupe sur un gros plan de Miss Farrar, dont le rictus nous apprend que le coup a porté… Les deux amants, visage grimaçant, se détachent parfaitement sur un fond noir... Quant au jeu des acteurs, il n’est ni pire ni meilleur que ce que l’on peut imaginer, d’autant que ce film fait partie de la série des « grands sujets » (Joan the Woman, The Ten Commandments…) dont on peut penser que le metteur en scène préférait les mettre en scène de façon ample voire pompière, gardant la plus grande subtilité pour ses films plus intimistes. Cela aura des effets un peu embarrassants sur Joan, par exemple, mais ici, les péripéties se succèdent à un rythme suffisamment soutenu pour que cela passe tout seul.

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Published by Allen john - dans Muet Cecil B. DeMille 1915 *