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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 17:12

Le carton mondial de Cuaron, qu'on a déjà connu génial mais rarement aussi inspiré, est un film de science-fiction, qui nous rappelle deux choses: d'une part, que la science fiction a toujours été un domaine de dépassement des limites dans l'histoire du cinéma. Ensuite, que c'est encore le cas, à une époque où on est saturé d'images qui en d'autres temps auraient été hallucinantes. Car même le plus blasé des fans de film d'action vibrera aux 90 minutes de cette miniature spatiale, et le plus chevronné des spectateurs de films générés sur ordinateur écarquillera les yeux devant ce qui est un superbe film, en effet... Mais pas que ça: car c'est la cerise sur le gâteau. Quoique, on le sait depuis la découverte enfiévrée de Y tu mama tambien en 2001, Cuaron est un réalisateur qui s'attache à des êtres humains. Et son idée de montrer un cafouillage humain lors d'une mission spatiale, et le devenir physique des survivants de ladite catastrophe en un temps très court, nous permet de nous attacher à des personnages, justement: le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), novice en matière de mission spatiale, est occupée avec deux de ses collègues, le commandant Kowalski (George Clooney), et Shariff (Phaldut Sharma) à des réparation sur le télescope spatial Hubble, lorsqu'ils rencontrent un nuage de débris spatiaux. Shariff est touché et tué, et Stone et Kowalski doivent rester ensemble, ce qui n'est pas une mince affaire, et rejoindre la station spatiale internationale...

On va en parler tout de suite: Cuaron installe l'ambiance de son film en un plan-séquence de 13 mn, qui est sans doute l'une des séquences les plus virtuoses que j'aie vues. Totalement justifiée à tous points de vue, elle permet d'entrer dans le timing particulier du film, fait d'illusion de temps réel et d'impression d'urgence. Et elle nous rappelle la vanité de vouloir se repérer dans l'espace, un endroit où il n'y a ni haut, ni bas, ni gauche, ni droite, ni sol, ni repère pour un novice; et justement, le point de vue principal du film reste du début à la fin celui de Stone, joué par une Sandra Bullock absolument extraordinaire, à la présence physique impressionnante. Elle joue une personne qui ne sait pas faire mais veut survivre à tout prix, et qui a du se plier aux exigences compréhensibles de Cuaron, qui voulait de la vérité: pas de maquillage, donc. Clooney en vieux de la vieille protecteur et doté d'un sens du sacrifice est lui aussi époustouflant, même si pour des raisons que je ne souhaite pas exposer ici, il est moins présent. Disons juste que Jonas et Alfonso Cuaron, les deux scénaristes (Père et fils), ont su trouver une opportunité de leur donner une scène en interaction, sans les lourdes combinaisons spatiales. Dans ce qui est essentiellement un film à deux personnages, le metteur en scène nous a ménagé une construction exemplaire, en trois actes, dominés par un suspense à tomber par terre, en s'agrippant à son siège.

Après, on peut bien sur discuter de la vraisemblance de telle ou telle scène, mais comme le disait volontiers Hitchcock, si on faisait ça tout le temps, on ne ferait jamais de cinéma. Son film fonctionne sans aucune restriction durant les 90 minutes de son déroulement, fédère les spectateurs dans une même angoisse positive, flanque la trouille, donne espoir, et au final nous dépose sur terre comme une fleur. J'ai l'air enthousiaste? Je le suis. Gravity est une très grande date dans l'histoire du cinéma. Un film essentiel, au sens ou tout ce qui s'y passe tend vers un but et un seul: vivre. Et ça passe bien sur par une (re) naissance, en direct. 

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Published by François Massarelli - dans Alfonso Cuaron George Clooney