Signé par Capra de son pseudonyme de l'époque (Frank R. Capra), ce qui aurait du être un petit mélodrame est en réalité un film flamboyant, qui brille en particulier par le personnage interprétéé par la grande Barbara Stanwyck. le fait que tous les acteurs ne lui arrivent pas à la cheville importe peu: c'est elle qui tient ce beau film debout.
Kay Arnold, une jeune femme dont l'occupation principale, bien que ce ne soit jamais dit, confine à la prostitution, devient le modèle d'un jeune peintre idéaliste (Ralph Graves), dont les parents riches voient d'un oeil inquiet son association avec la jeune femme. Quand ils essaient d'assumer leur amour, envers et contre tout, la jeune femme est ramenée à sa propre dimension, et un sacrifice est exigé d'elle.
La prostitution n'est pas le sujet du film, il s'agit plus pour Capra de montrer que les classes sociales n'ont pas de frontières, et qu'il est possible de s'amender, de changer et tout simplement de s'élever... S'élever: c'est ce que la caméra fait, dès le départ: on est en pleine soirée, dans une rue huppée, et soudain les passants manquent de recevoir des bouteilles sur la tête: la caméra, qui monte, nous révèle que là-haut, une fête dans l'atelier du peintre, se déroule. Les invités sont riches et futiles. Mais ce mouvement vers le haut trouve des rimes, tel ce moment lorsque le jeune homme sur sa rterrasse regarde vers les étoiles, alors que la jeune femme qui n'a pas encore succombé au charme de son employeur, insiste pour regarder en bas.
Enfin, lorsque la jeune femme est décidée à partir, son amie (Marie Prevost) qui a compris le danger, se rend chez le peintre pour le prévenir, et les 25 étages manquent d'avoir raison d'elle... il faut aimer pour s'élever, ou avoir une bonne raison, et ce ne sera pas une partie de plaisir. On retrouve l'idéalisme, la morale de Capra, mais aussi son talent pour rendre un film cohérent du début à la fin. Son don également pour entremêler la comédie et le drame, déjà bien en place à l'aube d'une carrière plus que fabuleuse: Ladies of leisure est un film très beau à voir, mais aussi dont le montage sûr et le jeu admirable de Stanwyck (Etait-elle capable de mal jouer? j'en doute) font un film étonamment fluide pour 1930...