31 décembre 2010
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Swiss miss (VOLUME 17) Mai 1938 Réal: John G. Blystone 72 minutes.
Parce qu'on y fait du fromage, deux vendeurs de pièges à souris tentent de refourguer leur camelote au pays des montres, et du chocolat. En plaçant leurs produits, ils se font escroquer, et se retrouvent avec la note de restaurant la plus salée de l'histoire de la gastronomie, tant et si bien qu'ils doivent rester sur place et travailler afin de régler leur dette. Là s'arrête la coopération active de Laurel et hardy dans ce film. De leur coté, un insupportable compositeur marié à une insupportable cantatrice Broadwayisée, s'installe en suisse afin d'y trouver l'inspiration loin de sa moitié; celle-ci est déterminée à tout tenter afin de récupérer son mari, y compris de s'afficher avec un benêt (Hardy) pour provoquer la jalousie de son mari... De temps en temps, les Suisses (En costume national, mais c'est un clin d'oeil: on explique dans le scénario qu'il s'agit d'un caprice du compositeur, afin de faire le vide dans le scénario, pardon, dans son esprit.) dansent lourdement en yodelant, et les deux tourtereaux chantent.
Bien que l'existence de Stan Laurel Productions soit devenue réelle avant ce film, et que le renouvellement du contrat de l'acteur ait eu lieu sous la forme d'un contrat entre Roach et Laurel productions,ce film est à nouveau, après l'embellie des deux précédents longs métrages, victime d'un laisser-aller certain . La formule est plus proche des films-chantés, à ceci près qu'on a bien fait attention de laisser Laurel et Hardy avoir un rôle tangible au sein de l'intrigue; mais ils y sont malgré tout un peu en marge, même si une idylle imaginaire impliquant Hardy a été imaginée pour renforcer les liens entre les deux hommes et l'intrigue. La présence de James Parrott et Charles Rogers au sein du staff de scénaristes est sans doute à considérer comme une précaution de défense de la part de Laurel devant une histoire qui était à l'origine un peu étrangère au style du duo, même si l'intrigue à la base reste signée de Jean Negulesco et Charles Rogers. Le point de vue de Roach, cité par Randy Skretvedt, est sans ambiguité: "Ce que j'essayais de faire, c'est de faire des comédies musicales dans lesquelles une intrigue secondaire se déroulait tout au long du film, afin de ne pas obliger Laurel et hardy à être là tout le temps." Dans l'intention, c'est peut-être noble, mais faut-il y croire à 100%? Laurel, lui, n'y croyait pas: dixit Roach encore, "Laurel parce qu'il ne comprenait pas ces choses-là, n'était pas très coopératif pour faire ce genre de film". Je me contenterai d'ajouter qu'on peut le comprendre: Laurel reste assez en retrait du film terminé, et il agit en faire-valoir du faire-valoir qu'est Hardy dans l'intrigue principale. Une scène le voit se saouler avec le contenu du tonneau d'un St-Bernard, et si la dimension burlesque de la scène est tout à fait appropriée, on s'éloigne un peu du personnage, qui manipule un chien et se laisse ensuite aller à des doutes sur la moralité de son geste. Un autre scène voit Laurel accompagner Hardy au tuba, et c'est plaisant. Mais le plus notable, dans ce film pourtant scénarisé par des hommes de confiance, c'est le réemploi des éléments de deux films: Charles Gemora revient faire le singe comme dans The chimp (Au fait, que fait cet orang-outang en pleine montagne?), et les deux hommes doivent emprunter un sentier escarpé et qui monte avec un piano, comme dans The music box. Pour le reste... Vivement Block-heads.
Parce qu'on y fait du fromage, deux vendeurs de pièges à souris tentent de refourguer leur camelote au pays des montres, et du chocolat. En plaçant leurs produits, ils se font escroquer, et se retrouvent avec la note de restaurant la plus salée de l'histoire de la gastronomie, tant et si bien qu'ils doivent rester sur place et travailler afin de régler leur dette. Là s'arrête la coopération active de Laurel et hardy dans ce film. De leur coté, un insupportable compositeur marié à une insupportable cantatrice Broadwayisée, s'installe en suisse afin d'y trouver l'inspiration loin de sa moitié; celle-ci est déterminée à tout tenter afin de récupérer son mari, y compris de s'afficher avec un benêt (Hardy) pour provoquer la jalousie de son mari... De temps en temps, les Suisses (En costume national, mais c'est un clin d'oeil: on explique dans le scénario qu'il s'agit d'un caprice du compositeur, afin de faire le vide dans le scénario, pardon, dans son esprit.) dansent lourdement en yodelant, et les deux tourtereaux chantent.
Bien que l'existence de Stan Laurel Productions soit devenue réelle avant ce film, et que le renouvellement du contrat de l'acteur ait eu lieu sous la forme d'un contrat entre Roach et Laurel productions,ce film est à nouveau, après l'embellie des deux précédents longs métrages, victime d'un laisser-aller certain . La formule est plus proche des films-chantés, à ceci près qu'on a bien fait attention de laisser Laurel et Hardy avoir un rôle tangible au sein de l'intrigue; mais ils y sont malgré tout un peu en marge, même si une idylle imaginaire impliquant Hardy a été imaginée pour renforcer les liens entre les deux hommes et l'intrigue. La présence de James Parrott et Charles Rogers au sein du staff de scénaristes est sans doute à considérer comme une précaution de défense de la part de Laurel devant une histoire qui était à l'origine un peu étrangère au style du duo, même si l'intrigue à la base reste signée de Jean Negulesco et Charles Rogers. Le point de vue de Roach, cité par Randy Skretvedt, est sans ambiguité: "Ce que j'essayais de faire, c'est de faire des comédies musicales dans lesquelles une intrigue secondaire se déroulait tout au long du film, afin de ne pas obliger Laurel et hardy à être là tout le temps." Dans l'intention, c'est peut-être noble, mais faut-il y croire à 100%? Laurel, lui, n'y croyait pas: dixit Roach encore, "Laurel parce qu'il ne comprenait pas ces choses-là, n'était pas très coopératif pour faire ce genre de film". Je me contenterai d'ajouter qu'on peut le comprendre: Laurel reste assez en retrait du film terminé, et il agit en faire-valoir du faire-valoir qu'est Hardy dans l'intrigue principale. Une scène le voit se saouler avec le contenu du tonneau d'un St-Bernard, et si la dimension burlesque de la scène est tout à fait appropriée, on s'éloigne un peu du personnage, qui manipule un chien et se laisse ensuite aller à des doutes sur la moralité de son geste. Un autre scène voit Laurel accompagner Hardy au tuba, et c'est plaisant. Mais le plus notable, dans ce film pourtant scénarisé par des hommes de confiance, c'est le réemploi des éléments de deux films: Charles Gemora revient faire le singe comme dans The chimp (Au fait, que fait cet orang-outang en pleine montagne?), et les deux hommes doivent emprunter un sentier escarpé et qui monte avec un piano, comme dans The music box. Pour le reste... Vivement Block-heads.
Avec les deux entrées suivantes, Laurel et Hardy retournent sans
crier gare à un mini âge d’or, en dépit de circonstances toujours aussi tourmentées. Pour commencer, l’accord de distribution avec la MGM arrive à expiration, et ne sera pas renouvelé, Roach
faisant désormais affaire avec United Artists. Ensuite, l’écart de 18 mois entre les complétions de l’un et de l’autre n’est pas un hasard : le «couple» Roach/Laurel a fini par totalement se disloquer, conduisant à une impasse inattendue : laissant Laurel à l’écart, Roach a tenté de lancer un nouveau
duo, Hardy et Langdon, autour d’un film, Zenobia, que je n’ai pas vu. Disons juste que s’il est à la hauteur de sa
réputation, je n’ai pas envie de le voir. Pour Babe Hardy, dont l’amitié pour Laurel n’a jamais failli, cette période fut un passage
très difficile, et pour Langdon, c’était juste un come-back raté, un de plus. Mais la présence de Langdon dans ce puzzle ne doit pas nous surprendre : comme Keaton à la MGM à la fin des années
30, Langdon est devenu un consultant gagman pour Roach en cette fin des années 30, et va participer, forcément, à des films de Laurel et Hardy, rejoignant la fine équipe constituée autour de Charles Rogers et James Parrott. Le résultat sera très clairement Langdonien : le film Block-heads reprend un grand nombre de traits chers au comédien, transférés sur Laurel.
Une fois résolues ( ?) leurs différents, Laurel et Roach décidèrent de retravailler ensemble, et A chump at Oxford est le premier film post-rupture, en même temps que le premier long métrage post-MGM de Laurel et Hardy. Mais le répit sera de courte durée, puisqu’après un film tourné à la RKO, Roach ayant « prété » ses comédiens, Saps at sea sera en 1941 le film final du duo. Mais n’anticipons pas : en attendant, et malgré ces nombreux aléas extérieurs aux tournages, les deux film sont d’excellente facture, et sont parfaitement réjouissants.
Block-heads (VOLUME 7) Aout 1938 Réal: John G. Blystone 56 mn
Dans ce dernier film de Blystone, décédé à la fin du montage, pour la première fois depuis certains courts muets, les deux hommes commencent le film séparés: ils sont tous deux soldats, et Hardy participe à un assaut, pendant que Stan garde la tranchée. Personne n’ayant la présence d’esprit de l’avertir de la fin de la guerre, il y est toujours en 1938, et abat un avion, ce qui a pour conséquence de la faire retrouver, puis rentrer au pays ; de son coté, Hardy, marié dans l’allégresse, se met en quête de ramener son copain à la maison. Mais l’irruption de Laurel dans leur vie et leur appartement va semer la zizanie dans le couple, et tant qu’à faire dans l’immeuble. On reconnait beaucoup le Langdon de Soldier man et de The strong man dans le Laurel de ce film. Il a, à un moment, une réaction typique du comédien Américain : croyant à un tremblement de terre, il se précipite au dehors et vérifie dans un geste enfantin la solidité des fondations de la construction.
Au-delà de l’arrivée de Harry Langdon, le film est consolidé par des aspects dérivés de deux films : la situation ressemble à une version longue de Unaccustomed as we are, leur premier film parlant (Laurel avait suggéré de se baser sur ce film qui avait été très peu couteux, afin d’honorer sans dépenser trop d’argent la fin de leur contrat avec MGM.), mais le final est inspiré de We faw down. La présence de James Finlayson et de Billy Gilbert est une forcément bonne nouvelle, surtout que ce dernier prend dans ce film le rôle assumé par Edgar Kennedy dans le court métrage qui a inspiré le film : donnez à Billy Gilbert des soupçons d’adultère entre sa femme et Hardy, un fusil, et le tour est joué : il est, comme à son habitude, homérique. La rencontre avec Finlayson se fait dans un escalier que les deux hommes vont mettre 20 bonnes minutes à monter, autour d’une bagarre : même le remplissage, dans ce film, est du grand art.
Une fois résolues ( ?) leurs différents, Laurel et Roach décidèrent de retravailler ensemble, et A chump at Oxford est le premier film post-rupture, en même temps que le premier long métrage post-MGM de Laurel et Hardy. Mais le répit sera de courte durée, puisqu’après un film tourné à la RKO, Roach ayant « prété » ses comédiens, Saps at sea sera en 1941 le film final du duo. Mais n’anticipons pas : en attendant, et malgré ces nombreux aléas extérieurs aux tournages, les deux film sont d’excellente facture, et sont parfaitement réjouissants.
Block-heads (VOLUME 7) Aout 1938 Réal: John G. Blystone 56 mn
Dans ce dernier film de Blystone, décédé à la fin du montage, pour la première fois depuis certains courts muets, les deux hommes commencent le film séparés: ils sont tous deux soldats, et Hardy participe à un assaut, pendant que Stan garde la tranchée. Personne n’ayant la présence d’esprit de l’avertir de la fin de la guerre, il y est toujours en 1938, et abat un avion, ce qui a pour conséquence de la faire retrouver, puis rentrer au pays ; de son coté, Hardy, marié dans l’allégresse, se met en quête de ramener son copain à la maison. Mais l’irruption de Laurel dans leur vie et leur appartement va semer la zizanie dans le couple, et tant qu’à faire dans l’immeuble. On reconnait beaucoup le Langdon de Soldier man et de The strong man dans le Laurel de ce film. Il a, à un moment, une réaction typique du comédien Américain : croyant à un tremblement de terre, il se précipite au dehors et vérifie dans un geste enfantin la solidité des fondations de la construction.
Au-delà de l’arrivée de Harry Langdon, le film est consolidé par des aspects dérivés de deux films : la situation ressemble à une version longue de Unaccustomed as we are, leur premier film parlant (Laurel avait suggéré de se baser sur ce film qui avait été très peu couteux, afin d’honorer sans dépenser trop d’argent la fin de leur contrat avec MGM.), mais le final est inspiré de We faw down. La présence de James Finlayson et de Billy Gilbert est une forcément bonne nouvelle, surtout que ce dernier prend dans ce film le rôle assumé par Edgar Kennedy dans le court métrage qui a inspiré le film : donnez à Billy Gilbert des soupçons d’adultère entre sa femme et Hardy, un fusil, et le tour est joué : il est, comme à son habitude, homérique. La rencontre avec Finlayson se fait dans un escalier que les deux hommes vont mettre 20 bonnes minutes à monter, autour d’une bagarre : même le remplissage, dans ce film, est du grand art.
Avec ce film, on a le sentiment qu’une renouvellement important a eu lieu, que le fait d’avoir redéfini la relation entre Laurel et Hardy dans ce film a permis aux deux hommes de donner le meilleur d’eux-mêmes ; on sait que chaque film est un recommencement, et qu’à l’exception fameuse d’un dyptique de courts métrages, il n’y a aucune continuité entre tous ces Laurel et tous ces Hardy. Néanmoins, on a le sentiment qu’avec ce film qui voit Laurel retourner à Hardy après 210 ans d’absence, on a un peu devant les yeux la version séminale de Laurel et Hardy. Et ça, ce n’est pas rien.
A chump at Oxford (VOLUME 1) Copyright 1939, déposé en janvier 1940 Réal: Alf Goulding 61 mn
On aurait aimé prendre les mêmes et recommencer, mais James Parrott manque désormais à l’appel : une page se tourne, et le petit frère de Charley Chase s’est (Sans doute) suicidé pour en finir avec une addiction encombrante à la drogue. Son frère, se sentant responsable, le suivra l’an prochain, décédé suite à un week-end de beuverie forcée. L’équipe de se resserre autour de Langdon et Rogers, pour un film étonnant à plus d’un titre : d’abord, il s’agit du premier film à sortir en plusieurs versions depuis fort longtemps : une version en quatre bobines destinée au marché domestique voit Laurel et Hardy recevoir suite à une bonne action le cadeau d’une éducation Oxfordienne. A l’université, il apparait très vite que Stan Laurel n’est autre que Lord Paddington, un noble insupportable, rendu amnésique et benêt par la grâce d’un accident : celui-ci se répète, et on voit réapparaitre Lord Paddington, ce qui n’est d’ailleurs pas sans faire froid dans le dos. La deuxième version, destinée à l’exportation (Mais qui sera aussi distribuée aux Etats-Unis) ajoute un prologue inspiré de From soup to nuts, dans lequel les circonstances économiques de Laurel et Hardy se voient enrichies d’un contexte classique : comme dans 4 bonnes comédies burlesques sur 5 , nos héros sont en recherche d’emploi, et se déguisent en un couple afin d’être embauchés comme domestiques dans une soirée, tenue par… Anita Garvin et james Finlayson : ô joie. Si « Agnes » est de retour (Mais pourquoi tous les travestis de Laurel s’appellent-ils Agnes, voilà un mystère à percer), on notera un Hardy qui, organisant à sa façon la table du diner, en ordonnant aux invités de s’installer assez anarchiquement, se retrouve doté d’une petite autorité qu’on ne lui connait que rarement : ce film confirme que les deux comédiens ne sont pas contre sortir un peu de leur personnage sui la scène le justifie. Quoi qu’il en soit, le long métrage commence effectivement par un court métrage de vingt minutes qui montre bien que si on les laissait faire, les deux hommes et leur équipe feraient des merveilles en ce domaine.
on peut aussi profiter de ce film pour établir une règle: tout film Américain classique situé dans une université Américaine ne parlera que de sport, tout film Américain classique situé à Oxford ne parlera que de bisbilles entre les Anglais et les Américains, et de bizutage. Pas de cours, pas de professeurs: ce film ne fait pas exception à la règle... on notera aussi la présence dans un petit rôle de Peter Cushing, aux cotés d'un (trop) discret Charlie hall.
Reste l’épineuse question de Lord Paddington : Laurel l’interprète comme un Lord brillant, suffisant et odieux à l’égard de Hardy, qu’il appelle Fatty. La performance est un rappel cinglant que l’homme est un acteur, un vrai. IL interprète un personnage du répertoire Britannique avec toute l’aisance que des années sur les planches lui ont conféré. Mais il y aune certaine gêne à voir « notre » Laurel transformé à ce point, et on ne peut que se réjouir, avec Hardy, lorsque un nouvel accident prive de nouveau « Lord Paddington » de son intelligence et de sa superbe : Laurel se met à pleurer afin qu’Ollie ne le laisse pas seul à Oxford, et bien sur, il est drôle. Mais il est aussi déchirant.
Published by François Massarelli
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dans
Laurel & Hardy