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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 09:39

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/5/56/MidnightMaryPoster.jpgPrété à la MGM en 1933, William Wellman réalise, avec Loretta Young, Ricardo Cortez et Franchot Tone un film en apparence 'à la manière Warner'. Que ce soit à lui qu'on ait fait appel en dit long sur le crédit dont dispose encore le réalisateur; ça montre aussi que les dirigents des studios connaissent leur métier... Le film fait partie de ces petites oeuvres excitantes dont la Warner s'est en effet fait une spécialité, les plus notables étant bien sur The public enemy et l'incontournable Three on a match (Mervyn LeRoy, 1932). Mais le film est malgré tout, dans son scénario, plus un film MGM, permettant une idylle entre Loretta Young et Franchot Tone, qui laisse entrevoir un futur avec des paillettes, ce qui était refusé généralement aux héros de ce genre de film...

 

Mary Martin (Loretta Young) attend le verdict de son procès: elle est accusée de meurtre, et ce n'est pas la première fois qu'elle a maille à partir avec la justice; en attendant l'issue qu'elle devine fatale, elle s'assied dans une petite pièce en compagnie d'un vieux clerc, et se laise aller à des souvenirs de la décennie écoulée: comment pour fuir la pauvreté et la faim elle est devenue la petite amie du gangster Leo Darcy (Ricardo Cortez), et a finalement rencontré un homme de la haute société qui a cru en elle: Tom Mannering (Franchot Tone), lors de sa rencontre avec Mary, a su tout de suite d'où elle veniat, mais il lui a tendu la main. Mais se jugeant trop dangereuse pour lui, elle le quitte; jusqu'au jour ou Darcy et Mannering se retrouve une fois de trop face à face...

 

Le scénario, basé sur un flash-back de bonne facture, qui happe le spectateur sans jamais le lâcher, appelle donc d'une part un happy end, et d'autre part des passerelles entre les bas-fonds et l'aristocratie, dont Mannering est un reflet paradoxal; son meilleur ami, Sam (Andy Devine) est un brave homme, riche noceur mais foncièrement sympathique. Et Mannering après avoir rencontré Mary devient moins http://4.bp.blogspot.com/-wnlA4s3TJfQ/TqgY9n4rjQI/AAAAAAAAQF8/6WFl7xX1j3A/s400/Midnight%2BMary%2B%25281933%2529.jpgvain, et réapprend à travailler (Il est avocat) avec plaisir. Le portrait de la zone organisée est lui sans concession, avec Darcy, un homme violent et sans scrupules. Contrairement à Night nurse, ce film ne nous propose pas de portrait de gangster au grand coeur. La rédemption de Mary n'en est pas vraiment une, puisqu'il est sous-entendu que la jeune femme agit principalement sous la pression: celle de son environnement, celle de la faim, celle de la nécessité; elle porte pourtat en elle une aspiration à plus, à mieux, incarnée dans le tableau dont elle a vu une reproduction quand elle était plus jeune: elle en découvre l'original chez Mannering, et comprend qu'elle est enfin arrivée "chez elle". De même, sous l'influence de la jeune femme, Darcy va avoir une bonne en habit et un valet Anglais: cette soif de sophistication détonne un tantinet chez Wellman, qui nous montrait les riches parents de Richard Arlen comme appartenant à un monde en pleine décomposition dans Wings.

 

Le metteur en scène a fait quand même selon son coeur dans l'utilisation à plusieurs reprises d'un réalisme dur et sans concessions avec toujours la petite touche de stylisation suplémentaire; il a laissé libre cours à son génie pour le plan-séquence, qui laisse toujours les acteurs rester dans la peau de leurs personnages aussi longtemps que possible; enfin, il est un virtose de la caméra mobile, et du placement de caméra: sans aucun effort, la composition est contamment parfaite. Il n'est pas dupe des différences entre ce film et ceux dont il a l'habitude: il se permet d'ailleurs un commentaire narquois sous la forme d'un plan final, qui voit Mannering et Mary, en l'attente d'un nouveau procès qui doit exonérer la jeune femme; ils sont dans les bras l'un de l'autre, au parloir de la prison; tout va bien, ils sont pleins d'espoir... Mais une ombre de http://www.davidbordwell.net/blog/wp-content/uploads/mary-and-mag-400.jpgbarreaux est projetée sur eux, et une barre les décapite de façon symbolique... Quoi qu'il en soit, si la MGM a souhaité avoir Wellman pour faire un film Warner, elle a surtout eu un film de William Wellman... Celui-ci a certes repli les obligations du cahier des charges, mais il a aussi fait passer ses propres idées: manifestement sommé de montrer aussi souvent que possible les james de Miss Young, il a aussi su utiliser ses yeux, comme dans la première scène, lorsque le procureur lit son réquisitoire, et que la jeune femme est vue cachée derrière un magazine, laissant ses yeux seuls exprimer l'indifférence: toujours cete tentation si typique du réalisateur de masquer les scènes "obligatoires"... Il a su tempérer le romantisme parfois exagéré avec son humour et son génie pour le commentaire social brutal. Bref, d'un film excitant mais mineur, il a fait bien mieux.http://storage.canalblog.com/47/59/110219/39092356.jpg

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Published by François Massarelli - dans William Wellman Pre-code