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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 10:39

On peut dire que, même lors de ses prestigieuses collaborations avec Emeric Pressburger, Powell ne s'est finalement jamais arrêté de faire des petits films, sauf peut être entre Colonel Blimp (1943) et The red Shoes (1948). Mais là, il n'avait ni le temps, ni peut-être les commandes, voire les opportunités. Il y a une légende tenace, que je n'ai pas pris le temps de vérifier: les deux hommes, pour leurs productions communes (scénarisées par Pressburger, mises en scène par Powell, produites en collaboration et signées des deux sans distinction, à partir de ce film, justement, jusqu'à Ill by moonlight en 1957), adoptaient un logo différent, cette cible dans laquelle une flèche venait se planter: pour leurs films les plus réussis, elle était au centre, mais pour d'autres (On imagine bien sur The scarlet Pimpernel, entre autres), elle était légèrement recentrée, comme pour en signaler la moindre importance... La question ne se pose pas ici: le logo-cible n'avait pas été encore imaginé, cela viendrait sur le film suivant. Mais cette curiosité, rarement présentée, reprend finalement un peu le même esprit que le film précédent du duo, 49th parallel: cette histoire d'espions nazis préparant la suite de la conquête du monde en essayant de gagner des canadiens à leur cause, aventure d'infiltration vécue de l'intérieur par les hommes, venus pour vaincre idéologiquement, et qui se laissent au fur et à mesure séduire par la liberté de penser canadiens, était un peu banal film de propagande, parfaitement assumée. C'est à nouveau de propagande qu'il est question, mais le titre est sans ambiguïté: le point de vue, maintenant est celui des alliés.

Le film est basé sur une histoire vraie: Le bombardier B for Bertie n'est pas rentré d'une mission sur le continent; son équipage (Six hommes) est sauf, mais ils se sont parachutés en catastrophe sur la Hollande... Ils doivent donc en ressortir, avec l'aide de la population dont ils découvrent le volontarisme résistant. Le film est un voyage tranquille, assez peu marqué par la confrontation avec l'ennemi. La confrontation est plutôt d'un peuple à l'autre, l'urgence de la situation et la nécessité poussant les Anglais à la prudence, les rend particulièrement réceptifs à la façon d'être et de vivre des gens qu'ils croisent. Puisqu'il s'agit de vivre, ici: de mener sa barque comme on l'entend, malgré l'occupant, et de mettre en place les moyens de la reconquête, comme on fait son lit ou comme on prépare à manger. Les sacrifices deviennent futiles, comme cette discussion soudaine sur le cas de conscience de deux hommes du Yorkshire, protestants et hésitants à se réfugier dans une église catholique...

Si un carton explicatif nous annonce dès le départ que certains des résistants Hollandais présents dans le film ont été depuis exécutés par les Nazis, le film se déroule dans une ambiance légère qui n'est pas sans évoquer les meilleurs films Anglais des années 30 de Alfred Hitchcock. Le suspense propreà chaque scène est prenant, réussi, et l'interprétation impeccable... L'affrontement a lieu, mais il n'est presque qu'un épiphénomène du film, par ailleurs magistralement mis en scène. Et de l'esprit de propagande plutôt traditionnel de ce petit film naitra comme une réaction un monstre fascinant, un anti-film de propagande qui est parmi les meilleurs de Powell: The life and death of Colonel Blimp.

On notera au passage une certaine tendance à l'extravagance typique (on la retrouvera sur la plupart des films suivants) dans la façon de présenter le film: une ouverture d'ailleurs très symbolique, dans laquelle on voit l'avion voler seul, comme le temps qui continue à avancer durant l'escapade Hollandaise des six hommes, puis l'avion s'écrase sur des installations électriques. Tout ceci est avant le générique... La fin, abrupte, est suivie d'un épilogue convenu mais dynamique, dans lequel les six hommes repartent au combat avec un plus gros avion... Enfin, les amateurs de films Anglais se réjouiront de savoir que le grand Bernard Miles est présent, en aviateur issu de la classe ouvrière; on trouve aussi le tout jeune Peter Ustinov, en prêtre austère (mais oui!!), et sinon les habitués de Powell peuvent retrouver ici Robert Helpmann, Eric Portman et Pamela Brown...

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Published by François Massarelli - dans Michael Powell